Le Phénix Festival, un événement solidaire dédié à la création artistique
À un moment où tous les projets étaient à l’arrêt, Sandra Vollant, une femme engagée dans la défense du spectacle vivant, a imaginé le Phénix Festival. C’est l’histoire de cette création, fruit d’intenses réflexions pour un système plus juste, que nous allons vous raconter, avant de le découvrir lors de son lancement, du 18 au 20 septembre 2020, à Paris, au Studio Hébertot.
Comment vous est venue l’idée du Phénix Festival ?
En tant qu’attachée de presse, j’organise depuis des années des showcases, en amont du Festival Off d’Avignon, pour permettre aux spectacles que je soutenais de partir avec des articles. Durant le confinement, quand j’ai compris, avant l’annonce, que le festival serait cette année annulé et que, dans le même temps, je voyais beaucoup d’associations pointer du doigt les dysfonctionnements de cet événement incontournable, j’ai commencé à utiliser ce temps creux pour modéliser une étape complémentaire au Festival Off d’Avignon.
En quoi le Phénix Festival est-il complémentaire au festival Off d’Avignon ?
Les créations qui participent au Festival Off d’Avignon sont face à 1600 spectacles et ce chiffre augmente chaque année. Par effet collatéral, les professionnels – journalistes comme programmateurs – sont de plus en plus sollicités et ne peuvent mathématiquement rencontrer tous les spectacles. Proposer un pré-festival Off d’Avignon dédié à la création, c’est permettre aux professionnels d’alléger leur agenda, aux spectateurs qui ne peuvent s’offrir Avignon de découvrir des spectacles, aux compagnies qui investissent beaucoup pour participer « au plus grand théâtre du monde » de se constituer un dossier au préalable et donc de tirer leur épingle du jeu même face aux grosses machines.
Vous parlez d’investissements, comment avez-vous pensé le modèle économique du Phénix Festival ?
L’économie du monde du théâtre est fragile, celle d’une création encore plus. Le modèle du Phénix Festival est donc fondé sur la solidarité. En une phrase, plutôt que de tirer la couverture à soi, chacun se tend la main. L’idée est de créer une ronde vertueuse entre directeurs de salle, compagnies et spectateurs. Les ressources de chacun sont mutualisées, le billet d’entrée est modéré (tarif unique de 15 euros par représentation) et les recettes sont partagées.
Qu’entendez-vous par création ? Quels spectacles pourront participer au Phénix Festival ?
Une création est un spectacle qui vient de sortir de résidence ou avec peu de représentations à son actif. Les longues exploitations ne sont pas éligibles. Ensuite, le Phénix Festival est ouvert à toutes formes d’expression artistique, théâtre bien sûr, mais aussi musique, danse, clown, mime… La ligne artistique pluridisciplinaire donne la part belle aux écritures contemporaines, mais peut aussi accueillir des classiques, à condition qu’ils soient revisités.
Pour la première édition, qui se tiendra du 1er au 13 juin 2021, comment allez-vous sélectionner les créations ?
J’étudierai évidemment les candidatures spontanées. L’idée est bien de proposer une rampe de lancement aux jeunes pépites. Parallèlement, j’invite les directeurs de salles avignonnaises à recommander le Phénix Festival aux créations qu’ils accueilleront. Comme il s’agit d’un lancement d’initiative, je suis en train de les rencontrer pour les sensibiliser à la démarche. L’ambition du Phénix Festival est de créer un réseau de partage entre les salles parisiennes et les salles avignonnaises, pour une meilleure circulation de la création. Pour cette première édition, je compte accueillir 25 créations. Ce serait un beau début et un chiffre raisonnable pour que tout soit correctement organisé et convenablement réalisé.
Le Phénix Festival connaîtra donc une inauguration du 18 au 20 septembre 2020. Pourquoi ce lancement de trois jours à la rentrée, avant la première édition en juin 2021 ?
Pour deux raisons fondamentales ! D’une part, face à cette crise sanitaire et économique, je souhaitais réinjecter du « merveilleux » dans l’esprit et le cœur des gens le plus rapidement possible. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Julien Cottereau est le parrain du Phénix Festival : ses spectacles sont emplis d’humanité et viennent chercher l’enfant qui sommeille en nous. D’autre part, il était important pour moi d’exposer la philosophie du Phénix Festival dès le lancement de l’initiative. Il s’agit là du premier « pré-festival Off d’Avignon », qui non seulement est entièrement dédié à la création, mais dont le modèle économique a été également totalement réinventé. Sa manière de penser et d’organiser est vraiment nouvelle. Cohésion et mutualisation sont ses maîtres-mots.
Julien Cottereau est le parrain du Phénix Festival. Comment avez-vous pensé le reste de la programmation pour ces trois jours d’inauguration ?
Toujours dans l’idée d’insuffler du « merveilleux », j’ai fait appel pour ce lancement à des spectacles au contenu spirituel et intelligent, avec un message positif et joyeux. Cette ligne artistique pourrait se résumer en trois mots : magie, rêve et joie. J’ai envie que les gens retrouvent le sourire, leur bonne humeur, leur joie de vivre… Le titre des différents spectacles proposés pour cette inauguration est d’ailleurs assez révélateur de cet état d’esprit et leur contenu relève, si j’ose dire, du développement et de l’épanouissement personnels.
Contrairement à la programmation de la première édition, qui aura lieu du 1er au 13 juin 2021, cette inauguration est à la fois composée de spectacles connus et de créations qui auraient dû participer au Festival Off d’Avignon. Certaines sont même en cours de travail comme le petit dernier de Samuel Séné : Contre-temps.
Et vous, quel serait votre rêve pour le Phénix Festival ?
En un mot : l’adhésion. De tout mon cœur, je souhaiterais que les théâtres parisiens et avignonnais adhérent à cette nouvelle philosophie, pour le bien de la création.
Inauguration du Phénix Festival du 18 au 20 septembre 2020, à Paris, au Studio Hébertot, avec, au programme, 9 représentations exceptionnelles (découvrez sa programmation ici). Première édition du 1er au 13 juin 2021.
Visuels : Logo de Rébecca Simon, affiche de Philippe Dupouy et photo de Dimitri Balan.