Théâtre
La fille de Mars de Heinrich von Kleist par J-F Matignon : amazones en perdition

La fille de Mars de Heinrich von Kleist par J-F Matignon : amazones en perdition

24 July 2017 | PAR Elie Petit

Dans La fille de Mars, on vit, revit, la descente de la reine des amazones Penthésilée, coupable d’avoir aimé un homme, Achille. Deux heures qui parfois en semblent quatre pour un naufrage lent et difficile dans le IN du Festival d’Avignon.

Penthésilée ancienne, nous raconte comment elle a chuté. Penthésilée jeune apparaît donc. Matignon propose un aller-retour entre le présent et le passé de la reine des Amazones. On peut s’y perdre ou simplement ne pas y trouver d’intérêt. On retrouve quelque part le même concept, au cinéma dernièrement, dans le dernier blockbuster très apprécié, Wonder Woman, qui raconte la vie d’une Amazone projetée dans nos guerres mondiales.

Le jeu de projection du sang sur ce mur qui finit par s’écrouler, pour témoigner du massacre que sont les guerres, est bien pensé, mais trop long. Tout est trop long. L’accompagnement musical en rock and drums est peu fameux, pauvret.

Séduire et douter, le jeu de Penthésilée est ardu. Et Achille n’y comprend rien. La pièce pose des questions intéressantes. Comment aimer? Jusqu’où? Et surtout : comment se posent les rapports de domination automatiques et comment peuvent-ils être challengés?

La langue de Gracq est difficile. Le rythme lent. La souffrance de Penthésilée est dure, insupporte peut-être. On le subit. Le public sort au milieu, au trois quarts, avant la fin. Cela, on ne le comprend pas. Le public peut-il à ce point ne pas vouloir savoir comment cette tragédie va se dénouer? Comment ce dénouement sera mis en scène ? Les gradins bruissent et les pas de départ résonnent sur les marches métalliques. C’est dans la salle que se joue la tragédie.

Un grand gâchis, car ces comédiens ne sont pas nuls. Mais ils déclament de manière insupportable. Et quelques artifices de mise en scène (la danse nue, le noir éclairé à la lampe torche) achèvent le tout. Dommage car on ne saura jamais si c’est la douleur de Penthésilée, caricaturale mais aussi déchirante, ou bien la mise en scène et le jeu, qui nous ont finalement assommés.

Distribution

Texte Heinrich von Kleist
Traduction Julien Gracq
Collaboration artistique Valérie Paüs
Mise en scène Jean-François Matignon
Dramaturgie Michèle Jung, Valérie Paüs
Scénographie Jean-François Matignon, Jean-Baptiste Manessier
Lumière Michèle Milivojevic
Vidéo Laurence Barbier
Son Stéphane Morisse

Avec Johanna Bonnet, Sophie Mangin, Julie Palmier, Pauline Parigot, Thomas Rousselot, Sophie Vaude

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