Théâtre
“Je m’appelle Bashir Lazhar” un bijou à découvrir au paradis

“Je m’appelle Bashir Lazhar” un bijou à découvrir au paradis

05 March 2023 | PAR David Rofé-Sarfati

D’après un texte de Evelyne de la Chenelière et mis en scène par Thomas Coste, Thomas Drelon confesse dans la petite salle du Paradis du Lucernaire, son amour de l’école et de la transmission. C’est précieux.

Bashir Lazhar de la dramaturge québécoise Evelyne de la Chenelière a fait l’objet de traductions anglaise et allemande et d’une adaptation cinématographique par Philippe Falardeau sous le titre Monsieur Lazhar, film qui fut nommé à la cérémonie des Oscars 2012.

L’histoire serait presque banale 

L’histoire de Bachir commence lorsque Martine Lachance, une enseignante d’une école primaire, se donne la mort en se pendant dans sa salle de classe. Bachir Lazhar, un immigrant algérien, est rapidement embauché comme vacataire pour la remplacer. Opposant au régime, il est en plein deuil. Sa femme, qui était enseignante, a péri à Alger dans un incendie certainement fomenté par le pouvoir, avec sa fille et son fils. Il va s’improviser enseignant de CM2 auprès d’élèves auxquels il s’attache, malgré le fossé culturel. Nous le suivons entre nostalgie de l’enseignante disparue, culpabilité de l’effet d’aubaine afférent et bien sûr les remous de son drame personnel.

Thomas Drelon y est formidable

La pièce est un bijou. Elle sait mettre face à face le thème de l’école et celui du deuil. Comme deux bouts de la même équation.  Par la force de l’interprétation, nous sommes immédiatement impliqués dans le récit de Bachir.  Optimiste et volontaire, il s’investit totalement dans sa mission de transmission. Alors qu’il cherche à obtenir le statut de réfugié politique, il sait qu’il peut être expulsé du pays à tout moment. Le texte, apologie en creux de l’école, raconte ainsi une tranche de vie banale et en même temps formidable. Thomas Drelon semble être traversé, percuté même par le bouquet d’enjeux. Sa voix reste blanche, sans contrition, sans atermoiement. Le comédien a tout compris, car il se refuse à toute victimisation pleureuse. Il donne à son personnage une humanité rare. Un bijou d’humanité.

 

Je m’appelle Bashir Lazhar

D’ Evelyne De La Chenelière
Mise en scène Thomas Coste

Du mardi au samedi : 19h Le dimanche : 15h30

Au Lucernaire

 

Crédit photo© Les béliers 

 

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David Rofé-Sarfati
David Rofé-Sarfati est Psychanalyste, membre praticien d'Espace Analytique. Il se passionne pour le théâtre et anime un collectif de psychanalystes autour de l'art dramatique www.LautreScene.org. Il est membre de l'APCTMD, association de la Critique, collège Théâtre.

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