
Flesh, la réalité augmentée de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola au Festival d’Avignon
En voilà une bombe ! Les Belges du collectif Still Life imposent en 4 actes et 4 images leur théâtre sans paroles. Dément, drôle et violent.
Flesh ce sont quatre pièces indépendantes l’une de l’autre. Comme des capsules de théâtre. Elles durent chacune une vingtaine de minutes. Still Life impose l’idée du court métrage du spectacle vivant si vous préférez. Flesh, en anglais la chair, explore l’humain sous toutes ses coutures.
La mort et la vie font un pas de deux très intime dans ce spectacle où l’on passe notre temps à passer du rire aux larmes, de la stupéfaction à l’émerveillement. Sans trop vous en dire, sachez que les saynètes changent d’univers à chaque fois. Les changements de plateau ne se font pas à vue, ils sont camouflés par des rideaux noirs. Chaque pièce dans la pièce nous installe dans un monde reconnaissable à la première image. Un hôpital sous Covid, un appartement, une salle de jeu et un restaurant, autant d’espaces qui permettent à ce quatuor fou de se déployer.
Muriel Legrand, Jonas Wertz, Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola sont flamboyants dans leur jeu où le langage ne passe que par le chant, les onomatopées.
Flesh entre avec brio dans la chair de la modernité. Elle s’attaque à l’essence même de l’humain : sa peur de la mort. En réduisant l’humain à son enveloppe corporelle, Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola laissent les émotions à vue. Pourtant l’esthétique est radicale, cela pourrait être un frein aux sensations. Il n’en est rien; on a même la sensation de voir les œuvres d’un Castellucci ou d’un Raimund Hoghe se fusionner entre images contemporaines et culture pop.
Une bombe sensible et puissante.
Flesh, Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola, 2022 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon
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