Théâtre
All of it, les exercices de style brillants de Alistair McDowall , Vicky Featherstone et Sam Pritchard au Festival d’Avignon

All of it, les exercices de style brillants de Alistair McDowall , Vicky Featherstone et Sam Pritchard au Festival d’Avignon

23 July 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

All of it est un jeu, un véritable, délicieux et magistral exercice de style. Les règles sont les suivantes : une comédienne, Kate O’Flynn, un texte écrit par un homme, Alistair McDowall, Vicky Featherstone et Sam Pritchard à la mise en scène, et un mantra : “à la fin tout le monde meurt”.

“Les gens sont faits de viande et d’optimisme”

Tout commence avec une image qui fera date. Un cadre de scène comme un 16/9 minuscule est le terrain de jeu de Kate O’Flynn, que l’on retrouve chez elle, dans une maison des années 40. Le papier peint est fleuri, il y a un lit bébé surtout, mais il est grillagé, et puis dessus il y a une table. Et là, dans cette ambiance 100% lynchienne, elle commence, au passage très enceinte, à déballer un texte intense à un rythme très soutenu. Les sous et sur titrages sont intégrés au décor, ce qui rend la vision simple. Oui, la “vision”, parce que, sincèrement, on doute que ce que l’on voit soit réel tellement l’image est surréaliste. Les lumières somptueuses rendent l’étrange encore plus étrange. Cette séquence, Northleigh, 1940, est de Sam Pritchard, comme la suivante, In stereo, qui est un monument de schizophrénie.

On n’a pas de cabine pour changer de corps.

Désormais, l’espace est celui d’un salon, avec un fauteuil et une télé qui aura un rôle central dans cette scène, laquelle tient totalement du cinéma fantastique. La comédienne campe une femme qui voit “des taches” sur le mur et qui comprend qu’elle se parle à des “elles-mêmes”. Le jeu de Kate O’Flynn convoque des attitudes qui rappellent les directions de Beckett. Il y a aussi du Bob Wilson dans cette façon de clouer les pieds au sol et de faire du regard un acte fort.

La dernière séquence est de Vicky Featherstone. Elle donne son nom à l’ensemble, All of it, et pour cause, dans un format qui aurait pu être celui du stand up, cadre noir, chaise haute, micro. Elle déballe sa vie, mais “toute” sa vie, de la naissance à la mort, en passant par tout, mais absolument tout ce qui compose une vie, crise d’ado compris, et ça, en 30 minutes d’une performance dingue. La voix se fait presque automate, dans des scansions de répétitions qui hypnotisent. Et elle scande, entre des blocs de phrases insensées : “tout le monde meurt”. Et puisque tout le monde meurt tout glisse, elle est un véhicule qui transporte les mots qui restent pour nous.

Génial.

A voir le 23 juillet à 19 H

Visuel : © Christophe Raynaud de Lage

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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