Performance
Palsembleu, la performance archaïque d’Anna Gaïotti

Palsembleu, la performance archaïque d’Anna Gaïotti

12 April 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Il y avait  “Les yeux d’Elsa” et désormais, la poésie compte avec le corps d’Anna. Anna Gaïotti, notre immense choc de la dernière édition de l’Étrange Cargo est repassée par la Ménagerie de Verre les 10 et 11 avril, toujours à l’Étrange Cargo. Déroutant, pointu, dérangeant, beau, laid. Palsembleu est une explosion des cadres et des corps.

Nous sommes assis tout le long des 3 murs de la grande salle de la Ménagerie de Verre ( Le “Uff” comme nous l’a appris Dominique Gilliot) Le public devient alors fourmis nichées sous terre, écrasées par le vaste espace. La première image est un choc. Elles sont trois ( Chloe Chignell, Silvia Di Rienzo, Anna Gaïotti), dans le noir, deux sont collées par les fesses, le corps bas,  et une les éclaire, debout, à l’aide d’un bouquet d’ampoules rouges. L’image est religieuse. La lumière ici viendra du sol et s’augmentera doucement jusqu’à atteindre les cintres.

Anna Gaïotti est poète, danseuse et chorégraphe. Elle vit à Bruxelles et développe une traduction par le vivant de ses textes sombres. “Je vomis du nez, le sang bleu
de la nuit” 
écrit-elle en préambule de ce spectacle.

Nous sommes en bas ici, la civilisation balbutie, au max elle tente d’hurler. Les corps sont médiévaux, ils se tordent comme dans les bestiaires des cloîtres. Ici, on est plus dragon que princesse et la belle Anna, si elle porte les pointes, n’a rien d’une ballerine. Si les siamoises séparées sont vêtues d’un tee-shirt et d’un pantalon, elle diffère, elle se pare d’une longe robe moulante noire ultra couvrante. Ses pieds sont eux aussi recouverts. Alors, elles vont faire le tour de la question. Ici la guerre, pris à tous les sens possible. La fureur des bombes comme la crise de l’intime.

D’un point de vue chorégraphique, cela se traduit par des apparitions qui s’installent. Une déambulation à trois, les avant-bras à l’horizontale, comme des déesses, venant nous toiser. Des torsions extrêmes sont offertes de façon arythmique. Le musicien Thibaut de Raymond passe d’un son tel un gong de temple à une electro ultra rapide qui rappelle selon l’énergie du regardant, soit les battements d’un cœur au moment de l’orgasme, soit le bruit des balles terroristes. Cela est libre à chacun.

Le spectacle fera escale à P.A.R.T.S à Bruxelles, en septembre.

Visuel : Palsembleu, Anna Gaïotti © Sarah Blum

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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