Barbara Matijevic: youtube appliqué au spectacle vivant
A la Ménagerie de Verre, le Festival Etrange Cargo touche à sa fin. Ce weekend, Raimund Hoghe proposera ses Lettere amorese et ce sera beau, en attendant,pour encore deux soirs, il faut s’amuser avec Barbara Matijevic et Giuseppe Chico qui offrent une leçon de parodie qui fait du bien les soirs de faux débats spectaculaires.
Barbara Matijevi? et Giuseppe Chico expérimentent ensemble depuis dix ans. Ils s’intéressent à l’art populaire en l’interrogeant sans cesse. Avec leur dernier spectacle créé en 2015, I’ve never done this before, la danseuse et performeuse que l’on a souvent vu chez Joris Lacoste déploie une dose de folie parodique délicieuse.
La dernière fois, elle entrait dans le poste, mais le poste n’est plus le téléviseur, il est un écran d’ordinateur. C’était déjà à la Ménagerie en 2012, pour Forecasting. Cette performance était avec I am 1984 (2008) et Tracks (2010) le troisième volet d’une trilogie consacrée aux représentations de l’histoire. I’ve never done this before se passionne plutôt pour les obsessions du présent et regarde avec un cynisme fort drôle l’occident dans un bocal d’expérimentation.
Le bocal est l’espace blanc de la Ménagerie qu’ils ont rempli de “trucs”, une table, une plante verte, un pot de Nutella, un écran, une chaise, des panneaux qui sont cessé devenir lumineux, des fils, des câbles et même, un chausson d’hôtel. Tout est là pour jouer les Mac Gyver de la perf.
Barbara Matijevic devient alors la Kim Kardashian du bricolage inutile. De la même façon que la célèbre starlette passe des heures à nous expliquer que le contouring est son idole avant de la détruire quelques mois plus tard, Barbara s’amuse à nous apprendre à créer des cameras à double regard, à capturer nos rêves pour les diriger, à fabriquer “une belle plaie” ou un “kit anti-cauchemar”. On se marre beaucoup face à la jeune femme fausse ingénue qui semble à chaque fois qu'”elle touche un fil avoir découvert la lune.
En bidouillant les champs magnétiques elle s’amuse et dénonce l’enfermement des contemporains. La chambre devient la zone d’enquête immense d’un flic imaginaire. Seule, elle part à la conquête des grandes découvertes, façon savant fou 3.0. Il est intéressant que la première de ce spectacle ait eu lieu lors du débat huilé des onze candidats ultra préparés, comme pour une télé-réalité où tout est joué.
I’ve never done this before revient à l’essentiel, la force des protons et du neutrons. Si elle avait animé nos cours de sciences,on aurait peut-être eu la moyenne quand on y repense. La distance entre le vide de l’information et l’intensité de l’apprentissage fait tout ici. Tout semble important, la communication est importante, devenir une star sur YouTube est le Graal. Elle interroge notre rapport aux choses, la perception du réel. On sort de là amusés et encore plus désabusés sur l’issue du premier tour de la Présidentielle.