Opéra
L’immense Grace Bumbry a rejoint le panthéon des Divas

L’immense Grace Bumbry a rejoint le panthéon des Divas

08 May 2023 | PAR Paul Fourier

La mezzo-soprano américaine est décédée le 7 mai 2023. Elle nous laisse des interprétations historiques d’Eboli, Amnéris, Vénus ou encore Norma. 

Grace Bumbry était née le 4 janvier 1937 à Saint-Louis (Missouri). C’est en voyant des concerts de Marian Anderson, qui sera un peu plus tard la première chanteuse afro-américaine à obtenir le droit de fouler les planches du MET en que, petite fille, elle ressent les prémices de sa vocation.  A seize ans, elle remporte un concours d’une radio locale en chantant “O don fatale”! Eboli, déjà. Après avoir étudié à Boston, Chicago, Santa Barbara (avec Lotte Lehmann) puis Paris avec Pierre Bernac, elle fait, en 1960, ses débuts au Palais Garnier, à 23 ans, dans le rôle d’Amneris (Aïda), grâce à l’entremise de Jackie Kennedy. L’année suivante, elle chante Vénus dans Tannhäuser au Festival de Bayreuth ce qui lui vaudra alors le surnom de « Vénus noire ».

Elle entreprend dès lors une grande carrière internationale, en débutant, en 1963, au Royal Opera House de Londres, en 1964, au festival de Salzbourg, en 1965, au Metropolitan Opera de New York en 1966, à La Scala de Milan…

Son répertoire s’appuie d’abord sur les grands rôles de mezzo (Azucena, Eboli, Carmen, Dalila, etc.) pour s’orienter, dans les années 1970, vers ceux de soprano dramatique tels qu’Abigaïlle, Lady Macbeth, Gioconda, Santuzza, Tosca, Thaïs, Salomé, voire Norma qu’elle aborde en 1977, à Martina Franca, et Turandot, en 1993, au Covent Garden.

En 1975, à New York, elle interprète Chimène dans Le Cid de Massenet aux côtés de Plácido Domingo. À partir de 1981-82, elle se produit d’avantage au New York City Opera qu’au Met. Elle y chante notamment Médée de Cherubini et Abigaïlle de Nabucco. Puis elle se produit encore assez longtemps en récital, dans les années 1990 en Allemagne. En 2007-2008, elle a entamé sa tournée de concerts d’adieu. Mais elle chantait encore un récital au Châtelet en 2012, à 75 ans..

Immense chanteuse mais également actrice, elle peut être considérée comme une pionnière en s’imposant dans un monde lyrique peu ouvert aux femmes de couleur. Dans les années 1960 elle a pris en quelque sorte avec Leontyne Price et Shirley Verrett la succession de Marian Anderson, à la pointe du combat pour les droits civiques dans le domaine de l’opéra. Elle prouvera, d’ailleurs, jusqu’à la fin qu’elle était une femme d’opinion et de caractère. 

Récemment, en réponse à Angel Blue qui s’était retirée de La Traviata du festival de Vérone car la production historique d’Aïda de Zeffirelli qui y était donnée utilisait le blackface, elle avait rétorqué à sa jeune collègue : « Depuis cinquante ans que je chante à l’opéra, j’ai toujours utilisé le maquillage blanc [whiteface] quand c’était nécessaire, et le maquillage noir [blackface] quand c’était nécessaire aussi. Bien sûr, ma préférence va au maquillage du visage en noir mais pour être parfaitement honnête, cette préférence va à l’encontre de mon sens artistique de la crédibilité. Mon armoire à maquillage va de l’égyptien foncé au blanc de craie pour Turandot, en passant par toutes les couleurs intermédiaires. »

Grace Bumbry était particulièrement fière d’avoir été nommée ambassadrice de bonne volonté auprès de l’UNESCO.

Visuels : © Andrej Palacko

 

Silda, la relève de la chanson française
La plaYlist A l’Evidente Lumière
Paul Fourier

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration