L’expérience hypnotique d’Hiroaki Umeda à la Villette
Jusqu’au samedi 7 avril, la Grande Halle de La Villette présente les nouvelles pièces chorégraphiques et plastiques de l’artiste d’avant-garde japonais, Hiroaki Umeda. Toujours dans l’esprit immersif à 100% du festival, ces performances visuelles et sonores, au plus près de la matière vivante mais aussi numérique et électronique, troublent tout autant qu’elles passionnent.
Une entrée dans l’univers sensoriel d’Umeda avec le trio vibrance
Avant d’entrer en salle, la Villette vous met en garde : pour assister à l’expérience d’Hiroaki Umeda il est judicieux de se munir de bouchons d’oreilles. Car si l’heure de spectacle s’ouvre sur une scène sobre, sur laquelle sont figés en silence les silhouettes des trois danseurs AYUMI, Chrika-J et YULI, les ondes aigus, les crépitements mécaniques et chocs électriques de la bande sonore ne tarderont pas à faire vibrer les tympans du public.
À la croisée de la danse contemporaine et de la danse urbaine, l’œuvre vibrance met en lumière l’impressionnante physicalité des danseurs japonais de popping et de hip hop, investie des principes chorégraphiques et visuels complexes propre à Umeda. Dans une atmosphère mystérieuse et électronique, le trio se livre à une démonstration parfaitement maitrisée de mouvements saccadés, désarticulés, contrastés et subitement arrêtés. Tantôt foudroyés, tantôt bercés par des ultrasons organiques, leurs corps fusionnent avec les composants sonores. De larges bandes blanches structurent et déstructurent la scène, laissant entrevoir un avant-gout des folles créations lumineuses d’Umeda.
Median, une oeuvre au plus proche de la matière
Depuis le lancement de sa compagnie S20, les spectacles d’Umeda ont fait le tour du monde et pour cause, la direction de l’image est radicalement immersive. Replongé dans cette même ambiance sonore organique, le solo d’Umeda intitulé Médian examine la matière comme on la découvre quand on l’observe au microscope. Il explore la matière vivante d’une part, selon ses chorégraphies de cellules, ses formes moléculaires et ses synthèses organiques, mais aussi la matière numérique toute autant investie de mouvements. Pour Umeda, la chorégraphie ne se limite pas seulement au corps humain, mais aussi à cet autre monde de lumière et de son. Des illusions d’optiques exceptionnelles se créent autour et sur le corps du danseur, ausculté de très près par le public. Son corps se défait, se bride jusqu’à se métamorphoser en hologramme. En plus de susciter de réelles sensations physiques, cette performance invite à explorer autrement le mouvement, en regroupant la fluidité du corps humain à l’habilité des machines.
Visuel : © Median, 2022, Hiroaki Umeda, La Villette