La jungle pop de Bob Wilson ouvre les Nuits de Fourvière
Dans ce festival qui croise toutes les formes et tous les styles, où les noms de Sting et des Chiens de Navarre se partagent l’affiche, tout est possible. Alors, pour commencer, dans le Grand Théâtre (antique) à la jauge folle (3000 places), il fallait un show énorme, assumé et pour tous les publics. Bob Wilson a fait du Livre de la Jungle une comédie musicale qui donne le ton de l’édition 2019 des Nuits : généreux.
Pour cette production du Théâtre de la Ville, le metteur en scène Texan retrouve CocoRosie (il avait travaillé avec le duo pour Peter Pan) et, comme à Broadway il nous présente son drôle de bestiaire : Aurore Déon (L’éléphant), Naïs El-Fassi (le chacal), Yuming Hey (Mowgli), Roberto Jean (Shere Khan), Jo Moss (le Roi Louie), Olga Mouak ( Bagheera), Nancy Nkusi (la mère louve), François Pain-Douzenel (Baloo) et Gaël Sall (Le père loup) vont tour à tour se montrer.
Une fois tous les personnages posés devant le grand rideau en patchwork sur lequel est accroché en néons verts le mot “Jungle”, le spectacle peut se faire grand. Wilson choisit de réécrire sa propre histoire du livre de Rudyard Kipling en gardant quelques repaires. Mowgly a donc été recueilli et élevé par les loups avant, plus grand, de s’approprier la forêt avec Baloo et Bagheera. Dans sa vision, Mowgly retournera chez les hommes oui, mais pour y accomplir un geste annoncé : au début il dit “quel sombre secret j’ai gardé ?”…Ce Mowgly est tiraillé entre ses deux identités “Loin des hommes, dans la jungle, je serai libre” , “comment être homme si on ne parle pas la langue des hommes ?”. La pièce interroge comme cela la place de chacun dans sa propre jungle.
Dans la toujours très graphique grammaire Wilsonniene, des éléments symbolisent le tout. Une trompe est un éléphant et des tiges très stylisées sont la forêt. Le conseil des loups se tient sur une colline tout en télévisions cassées…Fidèle à lui même, Wilson trace aux néons les contre-jours propices à sa magie. Ultra photogénique, la pièce ne choisit pas entre comédie musicale et théâtre. Cela veut dire que les comédiens doivent tout faire : jouer, chanter, danser et puisque les animaux sont agiles, souvent faire des acrobaties. Et ils le font très bien.
Chaque personnage est parfait. Yuming Hey campe un petit garçon léger comme une plume qui bondit comme un chaperon rouge dans la forêt. Les déplacements, ludiques à souhait, lui imposent une marche les bras à angle droit comme un pantin. Chez tous, les traits sont volontairement exagérés, comme les maquillages qui ourlent les yeux avec excès.
Dans une structure ultra classique pour du jeune public, où les scènes de théâtre sont entrecoupées de chansons, c’est comme dans le célèbre dessin animé, le duo ours/panthère qui fait le job, voix de baryton contre tessiture gospel. A la musique, la fosse est rap, classique, pop, et c’est un show à l’américaine qui emporte le public très enthousiaste.
Wilson signe un spectacle sans aucune faute, où la lumière est maîtresse du jeu et où le plateau déborde de lui-même. Dans cette pièce monstre, il faut se laisser porter, rien de plus et prendre du plaisir face aux jeux des artistes. Que ce soit à la voix ou à la danse, Wilson choisit de saccader le mouvement, comme dans un rap. Cela donne un rythme fou et un peu étrange à cet univers qui est partagé par tous.
Du 6 octobre au 8 novembre, 13ème Art Paris ( Théâtre de la Ville) Ouverture de la billetterie le 6 septembre
Les Nuits de Fourvière se tiennent à Lyon jusqu’au 30 juillet.
Visuel : Théâtre de la Ville
Infos pratiques
2 thoughts on “La jungle pop de Bob Wilson ouvre les Nuits de Fourvière”
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Jean Guy
Mais quelle déception ce livre de la jungle! Le summum de l’art contemporain dans ce qu’il a de plus mauvais. Une “tête d’affiche” comme metteur en scène et la critique se meurt… Des musiciens de qualité c’est sûr. Un metteur en scène qui a peut-être parfois montré ailleurs un peu de génie. Et c’est tout. Des textes inaudibles, une langue anglaise assassinée, des gesticulations intenses pour combler un grand vide. Une chorégraphie absente. Des comédiens délaissés, perdus qui n’incarnent vraiment pas grand chose. De nombreux autres spectateurs paraissaient forts dubitatifs, mais quelle tristesse d’en voir une grande partie fuir face au doute et à la moindre pensée critique pour cacher leur mal-être dans des réactions si consensuelles. Coincé au milieu d’une rangée je n’ai osé partir avant la fin (ce que d’autres ont fait) même si cela m’a titillé une bonne dizaine de fois pendant la première demie-heure déjà. Mais au moins j’ai tout vu, je peux donc me permettre: attention aux 100% de critiques encensentes par rapport à ce spectacle. Nombreux pourraient être déçus. Et pour ma part je vous assure c’est la pire chose à laquelle j’ai assisté depuis de nombreuses années…
Jean Guy
Mais quelle déception ce livre de la jungle! Le summum de l’art contemporain dans ce qu’il a de plus mauvais. Une « tête d’affiche » comme metteur en scène et la critique se meurt… Des musiciens de qualité c’est sûr. Un metteur en scène qui a peut-être parfois montré ailleurs un peu de génie. Et c’est tout. Des textes inaudibles, une langue anglaise assassinée, des gesticulations intenses pour combler un grand vide. Une chorégraphie absente. Des comédiens délaissés, perdus qui n’incarnent vraiment pas grand chose. De nombreux autres spectateurs paraissaient forts dubitatifs, mais quelle tristesse d’en voir une grande partie fuir face au doute et à la moindre pensée critique pour cacher leur mal-être dans des réactions si consensuelles. Coincé au milieu d’une rangée je n’ai osé partir avant la fin (ce que d’autres ont fait) même si cela m’a titillé une bonne dizaine de fois pendant la première demie-heure déjà. Mais au moins j’ai tout vu, je peux donc me permettre: attention aux 100% de critiques encensentes par rapport à ce spectacle. Nombreux pourraient être déçus. Et pour ma part je vous assure c’est la pire chose à laquelle j’ai assisté depuis de nombreuses années…