Silent Legacy, la transmission éléctro de Maud Le Pladec au Festival d’Avignon
C’est dans le cloître des Célestins que Maud Le Pladec a installé ses néons, prêts à devenir l’écrin de cette pièce au fond poétique et à la bande son house démente. Un adorable dialogue entre les générations.
Toutes les pièces de Maud Le Pladec interrogent l’impact de la musique sur le regard. Silent Legacy ne s’en éloigne pas finalement. En mettant en miroir deux danseuses, l’une encore enfant et l’autre jeune adulte, elle met à mal notre regard justement puisque nous ne cessons jamais de nous demander ce que nous sommes en train de voir.
En l’occurrence, une petite fille. Elle s’appelle Adeline Kerry Cruz et elle a 8 ans. Cette Montréalaise, qui a pour mentor Jr Maddripp, pratique le Krump, cette danse urbaine apparue dans les ghettos de Los Angeles dans les années 2000. Voir une enfant surdouée dans son domaine est toujours fascinant pour les adultes. Elle est différentes des autres, elle krump comme elle respire et il est étrange donc de scruter cette enfant en train de danser cette danse de bad girl.
L’essence du Krump c’est d’avoir l’air agressif sans jamais l’être. C’est un jeu chorégraphique, et jouer quand on a huit ans, c’est très bien ! Elle occupe tout son espace de lumière, un espace au départ étroit et carré qui se déploie. Son solo est écrit par Maud Le Pladec et Jr Maddripp.
En miroir se déroule un second solo, écrit par Maud Le Pladec et Audrey Merilus. Là, nous sommes face à une danseuse professionnelle qui a notamment dansé pour Anne Teresa de Keersmaeker. Contrairement à Adeline, elle choisit d’ouvrir l’espace, d’y courir, de s’y jeter, d’y crier. C’est une danse exutoire.
Deux solos donc qui dialoguent l’un avec l’autre portés par la bande son house de Chloé Thévenin. La musique danse autant que les corps. D’ailleurs par moments, la danse s’efface pour laisser l’écoute et la transmission du son se faire.
Maud Le Pladec offre à ces deux danseuses, chacune à des moments très différents de leur vie, de se laisser aller à leurs gestes très libres.
Joli.
Silent Legacy, Maud Le Pladec et Jr Maddripp, 2022 © Alexandre Haefeli
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