Danse
Marie Roche, directrice du Pacifique nous parle du concours PODIUM

Marie Roche, directrice du Pacifique nous parle du concours PODIUM

29 November 2019 | PAR Jérémie Laurent-Kaysen

Le concours de danse contemporaine (re)connaissance revient avec une nouvelle formule, un nouveau rythme et un nouveau nom PODIUM ! Marie Roche, directrice du Pacifique – CDCN Grenoble répond à nos questions

Podium est un festival qui a pour principe de donner de la visibilité à la danse contemporaine. Comment est né ce projet à Grenoble et porte-il ses fruits, a-t-il le résultat escompté depuis sa création il y a maintenant dix ans ?

PODIUM n’est pas un festival mais un concours. Il fait effectivement suite à (re)connaissance créé en 2009 sur une idée du Pacifique, Centre de développement chorégraphique National à Grenoble et de la Maison de la danse de Lyon, dirigés alors respectivement par Christiane Blaise et Guy Darmet. Il s’agissait de réunir des partenaires diversifiés qui choisissaient des compagnies bien implantées dans leur région pour leur offrir davantage de visibilité sur le plan national. Quatre éditions étaient prévues, mais au regard du succès de la manifestation, l’aventure a continué, en élargissant l’origine géographique des compagnies sélectionnées. Certains lauréats des éditions passées ont depuis fait de très beaux parcours, mais c’est aussi le cas de certaines compagnies qui n’ont pas reçu de prix. À ce titre, (re)connaissance a bien joué son rôle.

PODIUM, existe donc depuis 10 ans mais pas sous ce nom. Il s’appelait (RE)connaissance. Vous proposez cette année, une nouvelle version, un concept rénové et rafraîchi. Mais qu’est-ce qui change véritablement ? L’objectif est-il toujours le même qu’il y a 10 ans ? Avec ce changement de nom, nous avons plus l’impression que l’objectif n’est plus de faire connaitre et reconnaître la danse contemporaine mais maintenant de lui donner une place sous les projecteurs, la 1ère place.

La 1ère place, ce serait très ambitieux ! Mais votre impression est juste, avec PODIUM, nous initions une dynamique qui a pour objectif de donner davantage de place à la danse contemporaine dans les saisons culturelles. Une récente étude sur la diffusion de la danse en France montre qu’en moyenne les spectacles chorégraphiques sont joués 2 à 3 fois l’année de leur création. C’est peu comparé au théâtre. C’est pour cette raison que nous avons remodelé les objectifs de ce concours. Nous sommes allés chercher de nouveaux partenaires, des scènes pluridisciplinaires qui programment un peu ou beaucoup de danse, réparties sur tout l’hexagone et au-delà, en Suisse et en Belgique. Ces partenaires s’engagent à accueillir au minimum une représentation d’un des trois lauréats du concours la saison prochaine. Nous leur avons également demandé de s’adjoindre un ou plusieurs voisins, c’est-à-dire d’autres scènes de leur territoire, qui sur la base de la confiance, programmeront avec eux un des lauréats. Nous entendons ainsi multiplier les représentations pour créer des tournées. Tout le monde est gagnant dans cette logique de tournée, dont bénéficie peu à ce jour le secteur chorégraphique. Les effets bénéfiques se comptent autant en terme de coût financier que d’empreinte carbone et ce n’est pas un détail lorsqu’aujourd’hui le secteur culturel cherche à améliorer ses pratiques éco-responsables.

PODIUM est une compétition de danse, 12 spectacles ont été sélectionnés sur une trentaine. Comment s’est déroulée cette phase de sélection ? Se décomposait-elle en plusieurs temps, quels étaient les critères pour être sélectionné ?

Les 17 partenaires partagent le même constat. Nous avons tous et toutes vu des créations dont nous sommes convaincus qu’elles mériteraient de tourner davantage et de rencontrer un large public. C’est la dure réalité des premières, si les professionnels ne sont pas présents, la pièce a beaucoup moins de chance d’être programmée par la suite. Nous avons également incité à proposer des pièces plus anciennes, des reprises. La question du répertoire en danse est pratiquement invisible, alors qu’elle est cruciale.
Nous avons ainsi, tous ensemble, proposer et partager 26 spectacles dont nous avons regardé les vidéos, débattu, puis procéder à un vote pour en extraire 6 solo-duo et 6 pièces de groupe (de 3 à 6 interprètes) en ayant une attention à la parité et à la diversité. Le choix de différencier deux formats est une réponse aux différentes dimensions de plateaux. Le fruit de ce vote est la sélection des 12 extraits présentés pendant PODIUM.

Un titre est attribué par les jurys mais aussi, un autre par le public. Cela représente combien de votants en moyenne ? Le choix du public se rapproche-t-il souvent du choix des jurys ou, au contraire, en raison de son regard beaucoup moins professionnel, diffère-t-il complètement jusqu’à créer certaines surprises ?

Il y a trois prix : un prix pour un solo-duo et un prix pour une pièce de groupe, décernés par un jury professionnel composé de 5 personnes (1 programmateur.trice danse, 1 programmateur.trice généraliste, un.e chorégraphe, un.e critique et une personnalité du secteur).
Le troisième prix est celui du public (il y a 700 places à la Rampe et c’est habituellement rempli) et nous y tenons beaucoup, car cela fait de ce concours un événement populaire dans le bon sens du terme. Les spectateurs aiguisent leur regard en comparant et en discutant avec leurs voisins. Il ne faut pas se méprendre sur leurs goûts. Lors des dernières éditions de (re)connaissance auxquelles j’ai assisté, le prix du public a souvent coïncidé avec celui du jury.

Sur les différentes compagnies, la majorité vient de France et de Belgique mais il y en à aussi qui viennent de plus loin, d’Espagne et même des Etats-unis. Ce festival arrive-t-il se faire connaitre à une autre échelle qu’à l’échelle nationale ?

L’objectif en allant chercher des partenaires en Suisse et en Belgique, mais également un jury provenant du Portugal, d’Espagne et d’Italie est de s’ouvrir à l’Europe pour favoriser la mobilité des compagnies. Jusqu’à maintenant, (re)connaissance avait une notoriété uniquement nationale. Si nous pouvons l’accroître progressivement, ce serait un plus, évidemment.

La compétition commence le week-end du 29 novembre pour 6 représentations par soirée. Avez-vous déjà un favori ou un spectacle que vous êtes impatient de voir ?

Le Pacifique est producteur délégué du concours mais également partenaire au même titre que les 16 autres. À ce titre nous avons proposé un spectacle qui est en lice, mais je vais garder un droit de réserve, eu égard aux autres partenaires et compagnies sélectionnées.
Je suis impatiente de voir la totalité de la sélection réunie sur ces deux soirs. Qu’aura-t-elle comme tonalité ? Comment le public va recevoir ces 12 extraits de pièces ? Quelles pièces vont être lauréates ? Je serais bien incapable de faire un pronostic car tout peut arriver !

Rendez-vous les 29 et 30 novembre 2019 à La Rampe à Echirolles pour découvrir 12 extraits de pièces sélectionnés par 17 partenaires. Informations ici

Visuel :©Thomas-Dunn.

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Jérémie Laurent-Kaysen
Après deux années de classe préparatoire en Lettres et une licence Humanités, lettres et sciences humaines, il réalise actuellement un Master de Journalisme Culturel à Paris X. Il est rédacteur pour Toute La Culture depuis novembre 2019.

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