L’œil nu, les jolies rotations de Maud Blandel au Festival d’Avignon
Dans le très beau cloître du cimetière de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, la jeune chorégraphe s’essaie à un travail de lignes courbes suspendues, malheureusement trop référencées pour séduire.
Un groupe de danseurs et de danseuses en jean et hauts gris qui évoluent en courses à l’envers, qui suspendent leur déplacement et qui se séparent en deux, en trois, ou restent en collectif. Non, nous ne venons pas de vous décrire une pièce de Noé Soulier mais la phrase chorégraphique de Maud Blandel qui est invitée au Festival d’Avignon et également dans le cadre de Sélection Suisse en Avignon.
Sur le papier, la proposition est très intense puisqu’elle est en référence directe au deuil de son père. Cela, on l’apprend en lisant la feuille de salle. En effet, rien ne l’indique pendant le spectacle, ou peut-être que si, parce qu’un texte, invisible pour une grande partie du public, semble raconter des choses. Le grand défaut de ce spectacle joliment écrit et dansé est, justement, qu’il est très mal disposé dans un tri-frontal qui ne fonctionne pas pour une partie du public.
Le fait qu’un texte soit diffusé brouille totalement le message chorégraphique qui doit se suffire à lui-même. Sans explication et sans la bande-son qui invite des extraits de cartoons, la proposition serait plus intense et pertinente. Les corps des six danseur·se·s représentent clairement la circulation des planètes. Elles et lui tournent, gravitent, s’attirent en se regardant.
L’œil nu reste malheureusement au sol, loin des étoiles, dans une proposition élégante mais qui ne décolle pas.
Jusqu’au 15 juillet.
L’œil nu, Maud Blandel, 2023 © Christophe Raynaud de Lage