Danse
“L’histoire de Manon” à Garnier : le dernier ballet de l’étoile Aurélie Dupont

“L’histoire de Manon” à Garnier : le dernier ballet de l’étoile Aurélie Dupont

07 May 2015 | PAR Géraldine Bretault

Il y a trois ans, la danse étoile Clairemarie Osta faisait ses adieux à la scène dans L’Histoire de Manon. C’est dans ce même rôle qu’Aurélie Dupont tirera sa dernière révérence en tant qu’étoile le 18 mai prochain. 

L’histoire de Manon, c’est celle du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, célèbre héroïne de l’Abbé Prévost, à la chute dramatique. Le chorégraphe néo-classique Kenneth Macmillan s’est emparé de la trame pour proposer un ballet fidèle aux codes du genre, mais traversé par une grande liberté dans les portés, et par une véritable animation des tableaux : point de coryphées gentiment assis sur le côté de la scène pendant que les étoiles brillent. Ici, tout le monde danse, joue, dans un long ballet aux tableaux très variés.

Cette saison, il prend une couleur particulière, puisque c’est aussi le dernier ballet que dansera Aurélie Dupont en tant qu’étoile de l’Opéra de Paris, avant de devenir Maître de Ballet sous l’égide de Benjamin Millepied. Une danseuse au vrai talent de tragédienne, qui n’aime rien tant que “mourir sur scène”, et dont l’intensité d’expression a gagné avec la maturité. Elle était au sommet hier soir, dans un mélange incandescent de grande tenue technique et d’abandon délié, servie par un rôle complet : promise au couvent, Manon connaît la passion amoureuse avant de se perdre dans l’ostentation et les plaisirs vénaux, pour finir déchue dans les bagnes de la Nouvelle-Orléans.

Elle avait pour partenaire le danseur invité Roberto Bolle, issu de l’école de danse de la Scala de Milan : bien que visiblement attaché à la mettre en valeur, celui-ci a servi une interprétation bien classique face à la liberté d’expression d’Autélie et des autres interprètes de l’Opéra. Stéphane Bullion et Alice Renavand étaient une fois de plus parfaits, avec une grande précision dans les appuis et de la légèreté dans les sauts pour lui, et une séduction toujours plus sensuelle pour elle.

Quand s’ouvre le troisième acte après une seconde entracte, Manon arrive à la Nouvelle-Orléans avec ses compagnes d’infortune, les jambes nues, les cheveux tondus. La déchéance est là, et elle refuse les dernières compromissions dans un élan désespéré. Aurélie Dupont, “qui aurait aimé que la fin soit comme le début”, a donné une de ses plus belles morts, engagée jusqu’au dernier instant.

Il reste encore trois représentations avant sa dernière prestation le 18 mai, qui sera retransmise en direct dans des cinémas du monde entier. Mais déjà, la fin approche, et c’est une artiste submergée par l’émotion qui est venue saluer son public à l’avant du rideau de scène, peinant à retenir ses larmes. Une étoile meurt, et d’autres naissent…

Crédit visuel : ©  Julien Benhamou / Opéra national de Paris
Marianne Bouzonie / Opéra national de Paris
Ann Ray / Opéra national de Paris

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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