Danse
“J’ai arrêté de croire au futur”, Andréya Ouamba donne une vision globale de la dictature

“J’ai arrêté de croire au futur”, Andréya Ouamba donne une vision globale de la dictature

23 January 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le spectacle sera présenté ce soir et demain à l’Atelier de Paris, depuis peu Centre de Développement Chorégraphique. Sa mission est de donner à voir ce que l’on ne voit pas d’habitude et de nous faire découvrir ce qui se donne ailleurs. Il accueille J’ai arrêté de croire au futur, une pièce du chorégraphe congolais Andrèya Ouamba sur les misères du totalitarisme.

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Un groupe. Habillés presque comme en ville, version un peu crade. Une lumière de gestapo. Des regards sombres. Une colère intense. Un par un des solos. Chacun est raide, la danse s’articule autour d’un centre figé, à la fois combat et cri.

Bientôt; la voix sera triple : la danse, la musique et le théâtre. A la trompette, Aymeric Avice donne le rythme dans un free jazz dissonant, violent. Wakeu Fogaing est là aussi. Comédien imposant vêtu de façon militaire. Il est tous les dictateurs africains, il est toutes les époques. On l’entend dire “La démocratie qui passe très souvent dans vos phrases comme solution à tout n’est qu’un mot vide de sens que j’ai analysé, étudié , diagnostiqué et compris l’inutilité de son utilisation chez nous depuis l’âge de mes cinq ans”.

Andréya Ouamba nous le confie : “nous sommes nombreux à parler de façon générale mais nous parlons de là où nous venons”. Lui, il s’est réfugié au Sénégal “le temps que ça se passe”. Son travail est engagé mais il ne peut pas “dénoncer directement”, dit vouloir “passer par d’autres chemins”.

Sur le plateau les très bons danseurs offrent une corporalité figurative qui les fait devenir soldats dans une marche militaire, assassins dans un pas de deux qui écrase l’autre au sol, prisonniers dans un oui oui compulsif de la tête ou bien résistants. Tous les rôles s’inversent.

Le chorégraphe de Step/Out 2 ne croit pas aux gouvernements en place mais “aux initiatives individuelles”. Il nous parle du Mali où grâce à des soutiens financiers des puits ont pu être forgés. En opposition, il raconte pour l’exemple qu’à Kinshasa l’Etat a coupé internet de façon soudaine.

“Le bois ne sera jamais crocodile, il sera toujours bois” ajoute-t-il, et cela “J’ai arrêté de croire au futur” le montre parfaitement en offrant un son omniprésent, un texte débordant et une danse de répétition.

Oui, il y a des faiblesses dans ce travail qui se crée tout juste. Plus resserré il en sortira grandi. Les fulgurances des portés et les déformations des silhouettes sont le gage d’un futur bijou. En attendant, est déjà là, bien présente et amenée avec intelligence la notion de précarité propre à un peuple qui est gouverné par un homme qui “se sert”.

Visuel ©Patrick Berger

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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