Danse
Hip Hop Opening de Bouside Ait Atmane et Saïdo Lehlouh

Hip Hop Opening de Bouside Ait Atmane et Saïdo Lehlouh

08 January 2022 | PAR Nicolas Villodre

Bouside Ait Atmane et Saïdo Lehlouh, du collectif FAIR[E], autrement dit du Centre chorégraphique de Rennes, ont fait l’ouverture du festival Suresnes cités danse qui fête actuellement ses trente ans avec une commande tout simplement intitulée Hip Hop Opening.

Du Bronx à la cité-jardin

Très ému, Olivier Meyer, son directeur artistique, a rappelé les débuts du festival, en 1993, avec la venue du chorégraphe américain Doug Elkins, repéré un an auparavant à La Paillade montpelliéraine, des danseurs du Rock Steady Crew du Bronx et de Willy Ninja (1961-2006), la grande figure du voguing, promue par Malcolm McLaren puis par Madonna, la vedette du film Paris is Burning (1990) de Jennie Livinstone qui fut projeté en première française à cette occasion. Le programme papier de l’édition 2022 énumère plusieurs invités marquants aussi bien pour la manifestation suresnoise que pour le hip hop d’une façon générale : Artzone, Macadam, Aktuel Force, Step Ahead Tap de Los Angeles, Hot Foot de New York.

Y est aussi salué au passage le regretté Jean-François Duroure (1964-2021) qui s’était produit avec les débutants Kader Attou, Mourad Merzouki et le déjà vétéran Franck II Louise. Si les tentatives de fusion entre le hip hop et le “contemporain”, le baroque, voire la variété ne nous ont pas toujours convaincu, nous devons reconnaître que c’est à Jean Vilar que nous avons vu pour la première fois le réformateur de la tap-dance, Savion Glover, avant son show à Broadway, le film de Spike Lee, Bamboozled (2000), ses spectacles au Théâtre de la Ville dix ans plus tard.

Une troupe endimanchée

Pour fêter comme il se doit l’événement, les chorégraphes Bouside Ait Atmane et Saïdo Lehlouh avaient mis, littéralement, les petits plats dans les grands. La pièce, d’une heure pile – ni trop, ni trop peu – est d’ailleurs conçue comme une célébration, comme un buffet, comme un banquet, aurait dit Platon. Une table inclinée, un de ses angles pointé vers le public comme la proue d’un navire, signe de dynamisme, derrière laquelle se tient, avant de s’activer et, au finale, de se déchaîner un DJ, Sam One. Autour de ce meuble ou console ornée de fruits et de rafraîchissements de source minérale, éclairée de candélabres, se tiennent, s’agroupent, papillonnent une dizaine de garçons et filles, presque à parité égale. 

La structure est claire, qui conduit de l’immobilité à la frénésie, de la parole au chant a capella, de l’ombre à la lumière. Et de la représentation traditionnelle, celle du théâtre à l’italienne, à la participation du public, par ses cris, ses bravos et ses ovations. Les danses dites debout prédominent. Pas le moment de froisser ou d’embouer son costard. Pour marquer les 30 ans, tout le monde, il faut dire, est sur son 31. Certains complets font un peu pyjamas (on pense ici à un des clips qui devait être du groupe pionnier belge Benny B), d’autres plus casuals, l’acrobate virtuose Patrick Pires « P. Lock » ayant osé le queue-de-pie, façon Harold Nicholas (1921-2000). Le show est plaisant à voir. À voir et à entendre. Le DJ favorise le groove, le funk, donc l’instrumental, l’acoustique, donc le son présent, sinon présentiel. Parmi les trouvailles, la séquence avec des dialogues mis en pièces, dits en marche arrière, en dépit du bon sens, scratchés, fera date. 

Visuel : Hip Hop Opening © Dan Aucante, 2021.

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