
François Stemmer : always « seventeen »
Depuis 2013 le metteur en scène et chorégraphe fait vivre comme un instantané la symbolique liée à cet âge mythique : 17 ans. À voir ce 7 août dans le jardin d’Eole dans le cadre du Mois d’août de la culture à Paris.
De l’éphémère en matière de spectacle vivant
Par nature le théâtre ne dure pas, il est mal capté, le vivant passe aussi vite qu’une respiration. Mais pour Seventeen, c’est encore plus vrai puisque la pièce se recrée à chaque fois, elle n’a “pas de structure”, elle n’existe qu’en duo : les interprètes choisis et la direction de François Stemmer. C’est donc une pièce tout en pâte à modeler et qui a en elle l’énergie du one shot. Tout change : le nombre de comédiens, de danseurs, de chanteurs et le contenu même. Une seule chose ne tangue pas, et c’est Le Bateau Ivre de Rimbaud, magnifiquement porté ici par deux comédiens et un danseur en presque piéta. Sur scène pour cette séquence parisienne ils sont cinq et nous avons la chance de les rencontrer lors d’un filage au Carreau du Temple.
Possession de l’espace
Au commencement, ils s’échauffent, en ligne, deux filles, trois garçons. Parmi eux une danseuse, une comédienne, un danseur et deux comédiens. Ils sont tous soit professionnels soit en train de le devenir. Certains sont déjà dans des compagnies, d’autres passent brillamment les tours du concours d’entrée au Conservatoire. Leur présence au plateau est immédiate, et cela ne fait pas mentir leurs formations. Leurs corps parlent.
Chaque version de Seventeen est une récolte. Les interprètes amènent quelque chose qui devient un genre de monologue, parlé ou non. Ici, une jeune femme ( Laura Kreis) ouvre avec un slam enragé (« Allez viens toute une nuit pour un long cauchemar »), un garçon danse tout en rebonds (Antonin Vanlangendonck), une autre jeune femme (Morgane Bonis) tremble à l’idée de se lever, deux garçons (Mathias Marques Pereira et Gwenaël Mettay) parlent et récitent le long poème.
Bestiaire et joli livre d’images
La pièce est faite d’accumulations qui amènent des images fortes. Les plus belles sont animales. Il y a une respiration brute comme “les ienchs” où comme cette meute qui se jette sur une proie. L’adolescence apparaît comme un instant de force intense, où le corps est à son apogée mais aussi comme un moment de massacre où exister est une course très vive vers l’avant, et où respirer ressemble plutôt à une apnée.
Stemmer nous installe dans le temps présent le plus présent. La jeunesse convoque ses idoles et ses peurs, et les masques et la distanciation en font partie.
Une fois le spectacle fini, on a la sensation d’avoir été des invités très spéciaux. Il y a de la cérémonie là-dedans et une forme nette de poème sans rime.
A voir absolument le 7 août à 19h au Jardin d’Eole dans le 18e , 20 rue du département. Entrée libre.
Visuel : ©ABN