Danse
[Festival d’Automne] Removing, la pièce virile et combative de Noé Soulier

[Festival d’Automne] Removing, la pièce virile et combative de Noé Soulier

15 October 2015 | PAR Christophe Candoni

Présenté au Théâtre de la Bastille dans le cadre du Festival d’Automne, Removing est la nouvelle création martiale et testostéronée que signe le jeune danseur et chorégraphe Noé Soulier pour six danseurs hyper présents et dans laquelle son étude toujours plus approfondie du mouvement se situe entre la lutte et l’étreinte.

Au cours des diverses performances, installations, spectacles que réalise et donne à voir Noé Soulier dans les institutions chorégraphiques (bientôt le CND où il est auteur associé) et les fondations d’art les plus pointues, Il analyse toujours plus précisément et de manière quasi obsessionnelle l’exécution et la perception du mouvement tel qu’il est “défini par des buts pratiques” explique-t-il. Ce mouvement, il le dissèque dans le moindre détail et cela fait tout l’intérêt d’un geste artistique qui se présente par ailleurs sans fard ni séduction apparente. Sans décor, sans costume, sans son, ou presque, c’est dans un espace complètement nu et éclairé de lumières blafardes que s’inscrivent les danseurs en tenues sportswear plutôt ingrates, les corps souples et tendus, bandés et décomposés, supportant la comparaison avec une Keersmaeker pour l’aspect minimaliste ou un Forsythe pour la dimension rectiligne du geste.

En solo, duo, trio ou tous ensembles, ils exécutent sans excès de démonstration mais avec une réelle jubilation de danser des enchaînements qui empruntent aux arts martiaux et aux sports de combat, tels que le kata japonais ou le jiu-jitsu brésilien. Ils dansent comme ils donnent ou reçoivent des coups. Ils les portent, avant-bras et pieds vaillamment élancés, les esquivent aussi, par un jeu extrêmement vif de rotations et de feintes, en l’air ou au sol. Cela donne un ballet très énergique et expansif, vraiment entraînant, nerveux, bouillant. Toujours dans un état d’instabilité et d’intranquillité, la courte pièce joue de la synchronisation des mouvements puis de leur volontaire décrochage en infimes variations et décalages. Habileté et complexité se conjuguent au cours des séquences qui ne ménagent que peu de moments de répit aux interprètes formidables d’endurance.

La danse de Noé Soulier est des plus physiques et des plus organiques, trouvant son point d’acmé dans le pas de deux central où le très charismatique José Paulo Dos Santos et le délicat Nans Pierson se meuvent en un combat primaire et sensuel. Les corps se grimpent, les peaux se collent, les entrelacs deviennent entrechocs dans une lenteur envoûtante.

Le parcours atypique de Noé Soulier formé à la danse autant qu’à la philosophie et la musique classique, comme les horizons identitaires et artistiques tous différents de sa petite troupe, font naître harmonieusement un vocabulaire chorégraphique classique et contemporain, expérimental et populaire. Cette manière toute particulière et novatrice de danser ne manque pas de bousculer, intriguer, épater.

Photo © Chiara Valle Vallomini

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