Danse
Efeu, les variations humaines de Thomas Hauert

Efeu, les variations humaines de Thomas Hauert

13 January 2023 | PAR Adam Defalvard

A l’Atelier de Paris, Thomas Hauert présente Efeu, un quatuor débordant de vie qui porte bien son nom, lierre en allemand. Tout comme la plante grimpante, le mouvement se propage à l’intérieur du spectacle, à la fois proche du sol et semblant défier la gravité.

Le corps du groupe

Thomas Hauert propose avec sa compagnie ZOO une sorte de troisième volet au diptyque que forment ses deux précédentes créations, How to Proceed et If Only. Le point commun entre les trois spectacles se trouverait dans la volonté de créer à partir des états du monde actuel et de se servir de ce matériau pour faire naître le mouvement. Dans Efeu, c’est le rapport à la nature qui se dessine avec les corps. 

La scénographie est épurée, seulement un grand carré blanc sur le sol. Tout est donc à construire dans le corps des quatre danseurs (Fabian Barba, Thomas Hauert, Federica Porello et Sarah Ludi) et dès le début, avec un duo plein d’énergie sur la chanson Senza Fine de Gino Paoli, une grande impression de liberté se dégage et restera palpable tout au long du spectacle. Le spectacle est d’ailleurs en lui-même mouvant puisque la partition de la chorégraphie change d’un soir à l’autre, les danseurs interprétant les duos s’intervertissent et l’ordre des solos change. Le point fixe étant que le spectacle s’ouvre et se ferme par un duo et forme ainsi une boucle semblant pouvoir se répéter à l’infini.

Mouvement perpétuel

Les musiques choisies par la compagnie sont magnifiques, la première après le duo évoque le son d’une horloge détraquée et accompagne un mouvement qui change constamment de ton, se brise puis renaît. Il en est de même pour Polymorphia de Krzystsztof Penderecki puis pour les 48 responses to Polymorphia de Jonny Greenwood, une partition qui commence, monte, s’arrête, puis recommence à nouveau et crée ainsi une boucle infinie pour accueillir le mouvement. À la fois lourds et légers, les corps des danseurs apparaissent puissants et la chorégraphie parvient réellement à donner l’impression que le mouvement de l’un entraîne celui de l’autre naturellement comme une longue réaction en chaîne. 

L’appel de la nature

Le rapport à la nature, à sa fragilité et à sa force, est palpable dans toute la construction du spectacle. Avec pour seule musique le chant des oiseaux, entre deux interprètes se tisse une longue et belle danse au sol où les corps se mélangent pour n’en former qu’un. À d’autres endroits du spectacle, le quatuor entier s’enlace et se resserre pour créer une sorte de forme nouvelle dans laquelle les jambes et les bras des uns et des autres se confondent. Le mouvement donne presque naissance à une nouvelle forme de vie. La nature est présente dans le son, jusque dans la partition d’une des sections des 48 responses to Polymorphia où la partition est créée de sorte à ce que la musique suive les veines d’une feuille de chêne.

Pour clore le spectacle, le dernier duo se fait sur Mercy mercy me (Ecology) de Marvin Gaye, une magnifique clôture pleine de vie et de liberté. Thomas Hauert et sa compagnie parviennent avec Efeu à créer un espace où le mouvement est libre, proche de la nature et des éléments, et où les corps entrelacés laissent entrevoir un espace utopique. 

 

 

Efeu de Thomas Hauert, à l’Atelier de Paris le 12 et 13 janvier 2023. Plus d’informations et dates de la tournée du spectacle ici.

Visuels : ©Bart Grietens et ©Bert Van Dijck

 

 

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