Dogmatique Water Soul de Vendetta Mathea au Off d’Avignon
Une salle pleine attend le spectacle de la new-yorkaise Vendetta Mathea qui a créé et dirige depuis 1992, la Manufacture, lieu dédié à la danse à Aurillac. A Avignon, elle présente le second volet du diptyque après Homme/Animal.
Elle commence par parler, mauvaise idée, pour nous servir un discours de paix et d’harmonie entendu et rebattu tant de fois. Ensuite, les six danseurs et la chorégraphe se mettent en mouvement dans des gestes classiques de la méthode Graham auxquels s’ajoutent des postures de yoga et des traces hip-hop dans les équilibres de la tête. Il est incroyable d’avoir la chance de voir la grande artiste qu’est Vendetta Mathea danser encore avec une telle fluidité.
Mais, c’est bien le seul point positif de ce spectacle où les danseurs sont clairement des athlètes cherchant à montrer leurs capacités de la façon ostentatoire. Les mouvements difficiles sont réalisés sans finesse dans un seul objectif : démontrer sans proposer.
Water Soul nous impose alors un long discours chorégraphique sur l’alliance du corps et de l’esprit, sur les difficultés que ce mariage impose. Water soul prétend parler de spiritualité, il fait l’exact opposé en ne laissant pas l’imaginaire s’installer. Chaque danseur est concentré sur sa propre personne, la notion de groupe si elle existe visuellement ne se ressent jamais. Hors, cette recherche de l’intime ne peut se faire qu’avec subtilité en laissant aller et venir la liberté de chacun.
Le niveau est là, sans aucun doute mais dans un geste de virtuosité trop visible pour être sensible. Les discours auxquels il faut adhérer sans pouvoir douter font de Water Soul un travail dogmatique peu agréable.