Danse
Danser Mattox

Danser Mattox

24 September 2021 | PAR Nicolas Villodre

Dans le cadre de la manifestation Bien fait!, Le Regard du cygne a invité Carole Bordes à donner une conférence dansée évoquant le chorégraphe de danse jazz Matt Mattox (1921-2013).

Danse et chorégraphie

Harold Henry Mattox, plus connu sous son nom d’artiste Matt Mattox, est né à Tulsa, en Oklahoma, en 1921. Il se produit sur scène dès l’âge de onze ans, à Los Angeles, dans des spectacles pour enfants où il danse notamment le Waltz Clog, une valse enrichie de claquettes produites en sabots et en chaussures à semelles de bois, comme celles dont usait Bill “Bojangles” Robinson à ses débuts. Il travaille dans des cabarets où le remarque, au milieu des années trente, le chorégraphe Jack Cole qui  l’engagera par la suite dans sa troupe et lui communiquera le goût du “jazz”, une version théâtrale des danses en vogue, d’origine européenne, latino et, surtout, afro-américaines, popularisées au début du XXe siècle par Irene et Vernon Castle, puis par Fred Astaire, d’abord avec sa sœur Adèle, par la suite avec sa partenaire au théâtre et à l’écran, Ginger Rogers.

Après-guerre, Matt Mattox se lie à Nico Charisse, le mari de Cyd, qui l’introduit à la MGM. Il figure (parmi les danseurs non crédités au générique) dans Yolanda and the Thief (1945) de Vincente Minnelli, qui a pour vedettes Fred Astaire et Lucile Bremer. Jack Cole le distribue dans le musical Carnival of Flanders (1953), adaptation théâtrale du film de Jacques Feyder La Kermesse héroïque (1935), dont Carole Bordes diffuse un extrait glané sur Youtube qui montre tout le talent expressif du danseur (mis au premier plan d’un trio évoluant sur un air de flamenco revu et corrigé par les Américains). Grâce au chorégraphe Michael Kidd qui, avec Nick Castle, Hermes Pan, Charles Walters, Busby Berkeley, Bob Fosse, Jerome Robbins, etc., sans oublier Jack Cole, ont créé une manière hollywoodienne d’aborder la danse, Mattox obtient un rôle de tête d’affiche, celui de Caleb, dans le film de Stanley Donen, Seven Brides for Seven Brothers (1954).

Transmission

La conférencière a présenté de nombreux extraits de films, de cinédanses, de télédanses, de shows télé dont Mattox était un des invités principaux. Mais elle a également mis en évidence ses qualités de pédagogue, qui l’ont occupé le reste du temps, dans la deuxième partie de sa carrière, en Europe. Apparemment, pour des raisons bureaucratiques, n’ayant pas de permis de travail lui permettant de chorégraphier pour West End, il a gagné sa vie comme professeur de danse. Il a pris goût à cette activité à laquelle il n’a dès lors cessé de s’adonner. Que ce soit dans les pays scandinaves, puis en Allemagne, enfin à Paris (à l’église américaine et salle Paco Rabanne) et dans ses environs (la MJC de Colombes), jusqu’à sa mort à Perpignan, dont la gare représente, d’après Salvador Dalí, le centre du monde. 

Carole Bordes a détaillé la technique mise au point par Matt Mattox au cours des ans, ce qu’elle nomme aussi plus simplement la barre. Elle l’a montré donnant ses cours dans différents studios de danse, accompagné de son épouse Martine, au milieu de ses élèves. Elle a recueilli via skype quantité de témoignages de disciples répartis à travers le monde. Elle a donné de sa personne, montrant par l’exemple la complexité de la cinquantaine d’exercices qui constituent le vocabulaire de base de la danse jazz selon Matt Mattox. Elle a  enchaîné avec la virtuosité qu’exige leur parfaite exécution quelques routines. Carole Bordes a, enfin, obtenu de la salle qu’elle participe à deux ou trois d’entre eux, ce qu’elle a fait volontiers et avec plaisir.

Visuel : Carole Bordes au Regard du cygne © Nicolas Villodre, 2021.

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