
A la MC93, Smaïl Kanouté nous entraîne dans un univers magique
La MC 93 accueille jusqu’au 16 mars Yasuke Kurosan de Smaïl Kanouté. Ce merveilleux spectacle de danse, à la croisée des univers, prend pour point de départ un samouraï noir du XVIe siècle, dont nous suivons l’ascension au grade de samouraï.
Formidable touche-à-tout, Smaïl Kanouté est plasticien autant que vidéaste, danseur et chorégraphe. Pour Yasuke Kurosan, il a ainsi adapté son propre court-métrage Yasuke Kurosan, Le samouraï noir au Japon (2019), film chorégraphique aux frontières du documentaire et de la fiction, co-réalisé par Abdou Diouri.
Le spectacle présenté à Bobigny s’inscrit, par son syncrétisme des formes, dans le prolongement de ce court-métrage. Toutefois, le travail choral et la scénographie modifient l’expérience du public, accueilli dans un univers stellaire qui dit l’alliance des mort.es et des vivant.es.
Ce qui intéressait Smaïl Kanouté, dans le personnage de cet ancien esclave africain devenu samouraï, c’était les échos entre les cultures japonaise et africaine. Dans l’une et l’autre, en effet, chaque chose qui nous entoure a une âme ; dans l’une et l’autre, les mondes des vivant.es et des mort.es s’entremêlent.
Pour rendre compte de cette porosité, le chorégraphe a travaillé sur l’influence réciproque des danses et des gestes. En reprenant des postures d’arts martiaux japonais, Smaïl Kanouté crée des chorégraphies originales, qui accordent une belle place au temps et au silence. Il s’inspire également de danses traditionnelles africaines ou japonaises liées aux cérémonies religieuses. Si, parfois, quelques soli émergent, c’est bien d’un chœur spirituel qu’il s’agit avant tout : les sept danseurs et danseuses du spectacle créent un personnage collectif, celui de Yasuke Korusan.
La mise en valeur de ce chœur tient en partie au beau travail d’Olivier Brichet, scénographe et créateur lumières du spectacle. Des points lumineux du début aux sabres de néon de la cérémonie d’intronisation, la lumière modèle un espace qui change au gré du personnage avec une subtilité parfois presque imperceptible. Il nous entraîne ainsi dans un univers magique, nouveau, à la confluence de la tradition et de la modernité.
Les 18 et 19 mars, la MC 93 accueillera, toujours de Smaïl Kanouté, Never twenty one.
Générique
Chorégraphe Smaïl Kanouté
Danseurs et danseuses Sonia Bel Hadl Brahim, Aston Bonaparte, Felicia Dotse, Kim Evin, Smaïl Kanouté, Kanga Magassa et Salomon Mpondo-Dicka
Collaboration artistique Moustapha Ziane
Création et régie sonore Julien Villa
Scénographie et création lumières Olivier Brichet
Régie lumières Josselin Allaire
Création costumes Xuly Bet
Sérigraphie Arthur Gourdin
Création art-numérique Guillaume Stagnaro
Production Cécile Pouységur
Dates
Visuel : @Nora Houguenade