Musique
St Graal, Theodora et Thx4Crying : trio gagnant en concert à La Boule Noire

St Graal, Theodora et Thx4Crying : trio gagnant en concert à La Boule Noire

18 January 2023 | PAR Juliette Brunet

Ce mardi 17 janvier, La Boule noire accueillait trois jeunes artistes de la scène musicale française : Thx4Crying, Theodora et St Graal. Un trio gagnant pour un concert tout simplement exceptionnel !

Thx4Crying : quand la musique pleure et les larmes chantent

Paillettes et larmes aux coins des yeux, langueur et nostalgie au creux du cœur. C’est sous des lumières roses et bleues que Thx4crying arrive sur la scène de la Boule Noire. Pour ouvrir la soirée, il nous invite à chercher, à croire et à espérer, au rythme de Loin de moi le drame, alliant des paroles en quête de poésie au martèlement des basses. Vêtu tout de noir et de blanc, arborant chaîne et jabot en dentelle, il nous rappelle l’esthétique libertine de Mylène Farmer. L’influence de cette dernière s’entraperçoit dans les interprétations mélancoliques de Thx4crying, qui nous confie avoir plusieurs fois pleuré sur scène, notamment sur les notes de Je descends plus bas.

« Comme vous avez pu le voir, ce soir, on est dans l’émotion » affirme-t-il avec un second degré nonchalant, après avoir chanté Montagne d’Émeraudes. Dans ce morceaux, qui porte le même titre que son premier EP, se mêle des souffrances doucereuses et des murmures d’espoirs, ponctués de bruits de verre brisé. La plupart de ses textes viennent sublimer ses peines, comme Soleil sans Amour, dans lequel il relate l’impression d’être confronté au désamour de tous, dans un été sans chaleur et sans lumière. Mais ne vous y trompez pas, si les larmes coulent et les chagrins s’étalent, c’est toujours sur fond de techno et d’électro pop, dans une tonalité qui rappelle parfois celle de Billie Eilish.

Tout en douceur, il nous a interprété une chanson au clavier, écrite la semaine passée, dans laquelle il s’adresse à sa pop star préférée, inquiète à l’idée de vieillir, pour lui dire qu’il l’aimera toujours. On voudrait bien savoir qui est cette muse… Après cette parenthèse de tendresse, Thx4crying clôture son concert avec trois morceaux à l’énergie folle, déclenchant sourires et déhanchés dans le public, qui se surprend à danser sur La fin de la terre. Comme quoi, on peut danser dans le chaos de la fin du monde, pourvu qu’elle soit teintée d’auto-tune et d’inspirations émo des années 2000 ! Reprenant Matador de Mickey 3D et un titre de Tokio Hotel, Thx4crying nous a remonté à bloc pour la suite de la soirée, le public trépignant d’impatience à l’idée de continuer la fête. Un show qui nous pousse à croire qu’il fera partie du renouveau de la scène pop française et que c’est loin d’être la dernière fois que l’on entend sa voix angélique…

 

Theodora : une main de bassiste dans un gant de velours

Embarquement pour un roller coaster où des pentes douces et envoûtantes succèdent à des crescendos chargés d’adrénaline et d’électricité. Dans des virages savamment arrangés, s’entrecroisent des influences allant de Austra à Léonard Cohen, en passant par Christophe et TR/ST. Voyage dans une galaxie où soufflent un vent de cold wave et des bourrasques pop. Alternance entre une envie irrépressible de taper du pied aux rythmes des basses et un attirant lâcher-prise qui nous invite à quitter la terre ferme. Dans ce tourbillon éclectique et passionné, où les apparentes contradictions deviennent complémentaires, on discerne les variations et les battements d’un cœur qui ressent tout trop fort.

Armée de sa basse, Theodora annonce la couleur, illuminée d’une lumière écarlate : sa musique est singulière, mariant mélodies mélancoliques et rythmiques dansantes. Avec Vagues dans la mer, on entre dans son univers en dansant avec langueur, entre la vapeur des paroles et un ancrage rythmique puissant. La reprise de Twist In My Sobriety de Tina Tikaram déclenche intensément la frénésie, prouvant qu’il est impossible de résister à l’énergie qui s’en dégage, à ses scintillements de synthé et à sa mélodie tourbillonnante. Mais la montée est plus que crescendo avec Get Obsessional, qui nous entraîne dans une transe absolument obsédante, non sans rappeler Posthumous Forgiveness de Tame Impala…

Sorties de briquet et ambiance fleur bleue pour accompagner A Song for Your Night Escapes, un slow dont la mélancolie n’a rien à envier aux mélodies de Cigarette After Sex. On a qu’une seule envie : léviter au-dessus du sol pour devenir aussi aérien et vaporeux que le morceau. Lui succède une interprétation puissante de Step Into Disorder, reprise exponentielle où l’on constate tout le talent de bassiste de Theodora. Après nous avoir offert parmi les meilleures chansons de son album Too Much for One Heart, elle nous quitte sur « une ode italo-disco », nous livrant une chorégraphie endiablée que l’on ne peut s’empêcher de mimer ! Impressionnante et éclectique, Theodora nous a montré un talent brut qui n’a que faire des catégories arrêtées et des registres fermés, en nous interprétant des morceaux aussi sublimes et subtiles que survoltés et saisissants !

 

St Graal : calice empli d’hédonisme et de mélancolie

Cocktails rythmiques mélangeant chanson française et musique électronique, avec un zeste d’auto-tune, les chansons douces amères de St Graal s’écoutent jusqu’à plus soif ! Paroles piquantes et refrains enivrants emplissent la salle de La Boule Noire de vagues d’énergie à l’écume pop… C’est la tête la première que l’on plonge dans l’univers aquatique et acidulé de cet auteur-compositeur-interprète, qui a reçu le Prix du public aux Inouïs du Printemps de Bourges en 2022. St Graal nous fait littéralement décoller avec Je plane, avant de nous faire faire chanter les variations de son cœur « qui cogne » et « qui pleure », qu’il décrit dans un morceau exclusif !

Après nous avoir raconté une partie de son adolescence fougueuse dans son tout nouveau morceau Restau-basket, il nous livre une interprétation absolument phénoménale de Le goût de la vie, dans un déchaînement électronique et une frénésie dansante. Un retour au calme avec une reprise de La Nuit Je Mens, de l’immense Alain Bashung, avant de repartir avec le survitaminé morceau Vampire, qu’il joue pour la toute première fois également (promis !). St Graal joue sur tous les registres, avec des transitions qui sont de véritables ascenseurs émotionnels, chantant ensuite sa mélancolie avec Tout ce que je ne sais pas.

Pour notre plus grand plaisir, la Drag Queen Gemini K est venue le rejoindre sur scène pour son morceau Drag ! Performance pailletée et déhanchés endiablés pour cette artiste qui se produira à la Flèche d’or en janvier… L’énergie rock de Californie et les basses de Jungle viennent parachever ce concert, où hédonisme et mélancolie se sont mariés en fanfare. Mais comment se quitter sans partir chevaucher Les Dauphins, morceau devenu viral sur les réseaux sociaux en 2021, et annonciateur du succès à venir ? C’était tout simplement impossible pour le public, qui en a même demandé une double dose lors du rappel ! 

 

Visuel : Affiche du concert 

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Juliette Brunet

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