Jazz
Melody Gardot, The Essential :  un somptueux best of qui couvre deux décennies de jazz !

Melody Gardot, The Essential :  un somptueux best of qui couvre deux décennies de jazz !

17 June 2025 | PAR Jean-Christophe Mary

En amont de ses prochains concerts à l’Olympia, la chanteuse américaine publie The Essential, un somptueux best of  qui revient sur deux décennies de jazz, de blues et de voyages intérieurs. Une collection habitée, entre standards revisités et petites pépites live qui révèlent l’intensité d’une voix fragile et profonde.

Depuis “Worrisome Heart” (2006), Melody Gardot trace une route singulière dans le paysage du jazz vocal contemporain. À la croisée du cabaret, de la folk, du fado, du blues et des harmonies brésiliennes, sa musique évoque les volutes d’un club feutré, mais aussi les cicatrices du réel. Avec The Essential, compilation soignée de ses morceaux les plus marquants, l’artiste livre un best of en forme d’autoportrait qui donne la mesure de son œuvre, sensible, discrète et fondamentale. Chaque titre fait écho à un moment-clé de sa trajectoire musicale et personnelle. Parmi les chansons marquantes, on retrouve « Baby I’m a Fool », éblouissante ballade jazzy qui l’a révélée, mais aussi « Who Will Comfort Me », traversée rythmique où sa voix, grave et feutrée danse avec la contrebasse, tout comme ’incontournable  « First Song » avec Charlie Haden toute en grâce feutrée, où la voix flotte sur un tapis de cordes minimalistes. L’élégance du phrasé, le dépouillement instrumental et la lente montée en intensité donnent à ce titre des allures de prière intime.  On retrouve également le magnifique, « This Foolish Heart Could Love You » composé avec Philippe Powell, titre à la fois classique et moderne, entre jazz langoureux et ballade rétro. La voix de Melody Gardot y caresse chaque mot avec une tendresse désarmante, portée par un arrangement orchestral aux accents de comédie romantique des années 50. Une déclaration d’amour à l’ancienne, d’une classe absolue. Sans oublier le somptueux “Love Song » d’Elton John et Lesley Duncan. La chanteuse y impose sa signature avec une interprétation d’une délicatesse rare. Sa voix, veloutée et fragile, épouse la mélodie avec une grâce contemplative, presque murmurée. Loin de toute grandiloquence, elle fait de cette ballade une confidence intime, suspendue hors du temps. Mais ce sont les morceaux live qui donnent à cette compilation une profondeur nouvelle, presque spirituelle. Chanté en français « Les étoiles » est un  morceau jazz manouche sautillant. Dans cette version live le temps semble suspendu ce qui donne à la chanson une délicatesse infinie. La diction, le phrasé, l’émotion, tout y est pour rappeler l’héritage de Barbara ou de Juliette Gréco « Ain’t No Sunshine » reprise du classique de Bill Withers est livrée avec ici avec une grande sobriété, porté par le vibraphone et la basse. une grande simplicité  ce qui rend l’émotion plus forte encore. Melody  Gardot y injecte sa propre tristesse, avec une économie de moyens désarmante. Le silence entre les notes devient aussi puissant que la voix elle-même. Beaucoup plus organique, « Love Me Like A River Does » gagne en sensualité. Le tempo ralenti, le groove du piano, les respirations dans la voix, l’artiste  réinvente ici sa propre chanson, en l’étirant vers quelque chose de presque sacré. Plus incarnée que la version studio, l’interprétation live de     « Love Me Like A River Does » s’enrichit d’une sensualité presque charnelle. Le tempo est étiré, chaque note respire, comme si la chanson se reconstruisait en direct sous nos yeux et nos oreilles. La voix est mise à nu porté par les accords sobres du piano et d’une trompette qui intervient au loin. Avec ses arrangements de guitare bluesy « Bad News » déploie une colère contenue, un désenchantement très blues, porté par une tension permanent. C’est un blues sale, brûlant, raclé à l’ongle, dans la tradition des clubs moites du Sud, avec cette épaisseur sonore et cette violence contenue. « La Llorona” est probablement le sommet émotionnel du disque. Cette complainte traditionnelle mexicaine devient, entre ses cordes vocales, une litanie universelle qui atteint une forme de pureté vocale et dramatique. Un chant funèbre, sans pathos porté juste une guitare acoustique et un violon.  . The Essential est bien plus qu’une simple compilation : c’est un manifeste de lenteur et d’authenticité dans un monde musical saturé d’images et d’effets. Dans la lignée de Nina Simone ou Norah Jones, Melody Gardot y déploie une voix qui porte l’esthétique de la nuance, de l’élégance intérieure, où la virtuosité ne s’exhibe jamais. Et c’est cette voix-là que vous pourrez entendre à nouveau en chair et en os à l’Olympia pour une série de dates exceptionnelles , les 26, 27, 28 et 29 juin et 3, 4, 5 et 6 juillet. Comme un prolongement scénique de cette confidence musicale, offerte à celles et ceux qui apprécient cette grande artiste.

Jean-Christophe Mary

« Melody Gardot », The Essential  (Universal)

 

1-Baby I’m A Fool

2-If The Stars Were Mine

3-C’est Magnifique

4-Morning Sun

5-Sweet Memory

6-Mira

7-Over The Rainbow

8-Worrisome Heart

9-Our Love Is Easy

10-Love Song

11-La chanson des vieux amants

12-Les étoiles (Live)

13-La Vie En Rose

14-First Song

15-This Foolish Heart Could Love You (The Paris Sessions)

16-Once I Was Loved

17-Ain’t No Sunshine (Live In Paris / Edit)

18-Moon River

19-Your Heart Is As Black As Night

20-If I Tell You I Love You

21-Who Will Comfort Me

22-Love Me Like A River Does (Live In Paris / Edit)

23-Bad News (Live)

24-La Llorona (Live)

 

 

Motörhead -In and out- Entre autres histoires d’une vie exubérante : Lucas Fox réveille le fantôme de Lemmy !
Melody Gardot, The Essential :  un somptueux best of qui couvre deux décennies de jazz !
Jean-Christophe Mary

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration