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Robinson Khoury met le trombone à l’honneur au 38 Riv’

Robinson Khoury met le trombone à l’honneur au 38 Riv’

20 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Ultime carte blanche accordée au virtuose du trombone, dans le club de jazz qu’il considère comme le plus « cute » de la capitale, le 38 Riv’ Jazz Club. Pour finir en beauté cette ode au trombone, Robinson Khoury s’accompagne de son copain d’enfance et musicien, le bassiste Noé Berne.

Un programme hétéroclite qui donne à voir toute la diversité du jeu du trombone, ainsi que le panel d’inspirations que puisent les deux artistes pour leurs compositions personnelles et pour leurs réinterprétations de morceaux du répertoire français.

Un voyage réussi dans l’univers musical du duo

Sans plus attendre, les deux musiciens entrent en scène, et imposent le silence en commençant à jouer, pour le plus grand plaisir de la trentaine d’amateurs de jazz présents dans la cave intimiste de ce club de jazz mythique. Le son du trombone en solo semble prendre possession des lieux, se glisser entre chaque pierre de la cave, et entourer chaque personne présente sur place d’un son à la fois réconfortant et empli de caractère : une première composition personnelle qui alterne souplesses dans l’aigüe et notes pédales, donnant à voir toute la tessiture de l’instrument. Flotte dans l’air un sentiment d’admiration et de plaisir, entre les musiciens certes, mais aussi au sein des spectateurs, qui profitent de leur soirée un verre à la main.

Deux musiciens sur scène, mais un panel de possibilités immense du fait de l’utilisation de tables de mixage pour enregistrer les sons, créer des boucles et répétitions sur plusieurs harmoniques, jouer sur les effets d’écho et de réverbération. Le rendez-vous hebdomadaire de la résidence de Robinson Khoury au 38 Riv’ a le mérite de faire découvrir à un public charmé toutes les possibilités d’un instrument tel que le trombone, trop peu souvent mis sur le devant de la scène et rarement joué en formation réduite. Robinson Khoury prend la parole en anglais pour présenter le prochain morceau, une autre composition qui rend hommage aux personnes esseulées, Distancing from reality. Le morceau est construit sur une tessiture aigüe, voire très aigüe, qui contrebalance avec un riff à la basse qui joue avec les pédales, dans des glissandos oniriques. L’usage d’une sourdine wah-wah et les vibratos et flat du tromboniste donnent l’impression d’un son lointain, et pourtant terriblement profond et personnel ; le spectateur voyage dans l’univers musical retranscrit par l’artiste. Le retour au son feutré du trombone sans sourdine amène réconfort et proximité au jeu de Robinson Khoury.

Un cuivre dans tous ses éclats

Une carte blanche où les deux artistes ont décidé de se faire plaisir, interprétant tantôt des compositions personnelles, tantôt des classiques du répertoire français. Aussi à l’aise au trombone qu’en chant, Robinson Khoury prend le micro pour jouer sa composition « Volatile » ; une voix calme et posée s’élève dans la salle, à laquelle succède un long solo de trombone particulièrement réussi, reprenant le thème vocalisé. Après les applaudissements, Robinson Khoury enregistre des boucles rythmiques de sa voix afin d’improviser au trombone par-dessus. La fin du premier set signale une pause bien méritée pour les deux amis, autour d’un verre avec les spectateurs, dans une ambiance conviviale.

De retour sur scène, Robinson Khoury impose le silence des tonalités chaudes de son trombone. Les brillantes compositions de Noé Berne, interprétées avec justesse et sensibilité, séduisent l’assemblée. On ressent toute la complicité des deux musiciens dans leur jeu, dans leur facilité à mêler les sons de leurs instruments, qui se marient parfaitement dans l’ambiance mi-acoustique, mi-électrique qui s’émane du pavillon et de l’ampli de la basse à cinq cordes. Une bien belle manière que de découvrir le trombone que cette carte blanche où Robinson Khoury s’amuse de toutes les possibilités offertes par l’instrument, tapant sur l’embouchure retournée, détachant ses notes en appuyant sur le barillet pour donner un effet tranché, ou encore baissant volontairement certaines notes pour jouer sur les intervalles et quart de ton.

Les applaudissements qui succèdent à l’ultime composition du bassiste signalent la fin d’une bien belle soirée, occasion d’une découverte ou d’un rendez-vous hebdomadaire avec le tromboniste, merveilleusement bien accompagnés par Noé Berne à la basse.

Visuel : EC

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