Musique
Gustavo Dudamel dirige avec passion, La  9ème  symphonie de Gustav Mahler à la Philharmonie de Paris

Gustavo Dudamel dirige avec passion, La 9ème symphonie de Gustav Mahler à la Philharmonie de Paris

20 September 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

L’Orchestre de l’Opéra National de Paris interprète, sous la direction de Gustavo Dudamel la 9ème symphonie de Gustav Mahler.Le concert a eu lieu le 16 septembre 2022 à la Philharmonie de Paris.

La dernière œuvre achevée de Gustav Mahler

La 9ème symphonie de Gustav Mahler (1860-1911). Ce monument de la musique classique est la dernière œuvre complète du compositeur. Elle a été composée pendant l’été 1909 et terminée l’hiver suivant. Mahler était très affecté par la mort de sa fille deux ans auparavant puis par ses problèmes cardiaques. Il parlait volontiers de sa dixième symphonie, par superstition vis-à-vis de ces illustres prédécesseurs, dont Beethoven, qui sont décédés peu de temps après avoir écrit leur 9ème symphonie. En composant «cette symphonie de l’Adieu», Mahler semble avoir eu le pressentiment de sa mort prochaine. L’œuvre ne sera créée par Bruno Walter à Vienne en 1912, qu’un an après le décès du compositeur.
L’Orchestre de l’Opéra National de Paris est un orchestre historique fondé par Louis XIV pour jouer les œuvres de Rameau et Lully. Cet orchestre réside à l’Opéra Garnier et à l’Opéra Bastille, il bénéficie d’une réputation internationale. Il est dirigé par le chef Vénézuélien Gustavo Dudamel depuis Août 2021, qui interprète ce soir la 9ème symphonie de Mahler avec énergie, fougue, expressivité. Une direction d’orchestre, impressionnante et ….sans partition!

Les adieux du compositeur

Le premier mouvement, Andante, est d’une grande intensité émotionnelle. Quelques mesures mystérieuses puis la mélodie se développe, ample, calme, romantique. C’est un chant d’amour à la vie bientôt interrompu par un deuxième thème plus passionné, plus tourmenté. Ce premier mouvement est très contrasté, alternant des moments de recueillement et des montées en puissance de l’orchestre, spectaculaires, «jusqu’au Zénith». Puis de sinistres fanfares annoncent un convoi funèbre. La longue coda est très émouvante: les sonorités sont douces, aiguës, très pures. Le solo de flûte évoque un songe nocturne. La musique s’éloigne peu à peu, elle se termine par «un ré impalpable», comme un adieu avant le départ vers l’inconnu. Comme si le compositeur s’était résigné à une mort prochaine.
Retour sur terre lors du deuxième mouvement. Il comporte deux Ländler, des danses traditionnelles populaires. Aux lourds accents des cordes succède une musique plus légère, pleine d’humour, presque coquine. Des valses s’ébauchent mais cette ambiance détendue va brusquement changer avec l’irruption d’une polyphonie tourmentée. La fin est plus chaotique, dans une accélération vertigineuse.
Le début du Rondo est éclatant presque brutal. La musique est dissonante, martelée par les cordes à l’unisson. Puissance, vélocité, frénésie caractérisent ce troisième mouvement. Puis brusquement tout se calme, une douce tristesse apparaît. L’auditeur pourra admirer la beauté mélodique du duo de la flûte et du hautbois puis du solo de violon. La fin est une danse macabre, en tout cas une danse claironnée, menaçante, inquiétante. Un impressionnant moment de virtuosité.

L’entame de l’adagio final par les violons est poignante. Le thème est un chant d’amour serein . La musique prend de l’ampleur comme une marée montante. C’est un magnifique hymne à la vie. L’auditeur retient son souffle devant la beauté de la musique, la puissance de l’orchestre, la douceur des moments d’apaisement: la mélodie devient alors prière. Un calme profond s’installe à la fin de l’adagio. Tour à tour les violoncelles, les contre basses, les violons murmurent un chant d’une grande pureté, d’une grande douceur. Un chant céleste interrompu par des moments de silence . Jusqu’à un silence total de l’orchestre immobile, figé. Un adieu à ce monde de Mahler apaisé, transcendé par sa musique.

La 9ème symphonie de Gustav Mahler est une œuvre, très impressionnante, par la puissance déployée par l’orchestre, la richesse de l’écriture symphonique. Elle est impressionnante aussi par l’inventivité du compositeur et par la complexité de la polyphonie. L’œuvre est riche de surprises, très expressive, très suggestive: l’auditeur peut s’imaginer puis ressentir des états d’âme du compositeur face à son destin. Une œuvre rendue encore plus émouvante, plus saisissante par l’interprétation, magistrale de Gustavo Dudamel et de l’Orchestre National de Paris

visuel (c) © Julien Mignot

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Jean-Marie Chamouard

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