Classique
Un orchestre philarmonique de Radio France fougueux et coloré dans Sibelius, sous la baguette de Klaus Mäkelä

Un orchestre philarmonique de Radio France fougueux et coloré dans Sibelius, sous la baguette de Klaus Mäkelä

07 March 2020 | PAR Lise Lefebvre

Instant de grâce que cette interprétation de la première symphonie de Sibelius par un orchestre que menait avec une énergie joyeuse le chef finlandais de 24 ans. Autre moment fort de la soirée: le concerto pour violoncelle d’Esa-Pekka Salonen

On éprouve une sorte de joie immédiate, presque enfantine, à voir Klaus Mäkelä – 24 ans, chef en titre du philarmonique d’Oslo – se placer devant ses musiciens; car dès l’attaque des Gigues de Debussy, la fluidité de sa battue, qui assume parfaitement l’ambivalence de cette musique, entre accents contemporains et post-romantisme, est éclairée, enrichie par le plaisir ludique, l’évidente bonne humeur qu’il y insuffle. D’un climat à l’autre, le concerto pour violoncelle d’Esa-Pekka Salonen, autre grand chef finlandais, évoque ça et là les couleurs de Debussy, et fait entrer en scène l’immense violoncelliste Truls Mørk. L’artiste, qui a joué l’oeuvre pour sa création française – avec Salonen lui-même à la baguette – se jette avec une grande générosité dans ce paysage sonore à la fois sombre et aérien. Des glissando repris à l’orchestre pendant le deuxième mouvement dessinent des silhouettes d’oiseaux de mer; le dialogue haletant entre l’instrument et des bongos et congas esquisse une danse violente et heurtée. On entend, on voit Truls Mørk respirer en même temps que son violoncelle; et c’est captivant.

La deuxième partie du concert s’ouvrait aussi sur une pièce de Debussy, extraite du même recueil que la précédente, ImagesUne respiration enjouée avant la première symphonie de Sibelius. Monument de lyrisme, creuset d’inspirations – essentiellement russes – elle fut ici menée avec passion par un chef toujours soucieux de fluidité, sans que ce soit jamais au détriment du lyrisme. Non content d’alléger la pâte orchestrale, Klaus Mäkelä est parvenu à faire entendre la sensualité de cette musique; un seul exemple, le tapis sonore tissé par les violoncelles fait qu’on ressent les vibrations de cette musique, tout autant qu’on peut la voir et l’entendre. Le mérite en revient aussi aux instrumentistes intervenant en solo – telle la clarinette du tout début – ou par pupitres – les trombones, les bois – que le chef a fait saluer à la fin. Magnifiquement mis en relief par cette lecture lumineuse, les différentes parties orchestrales ont mené  l’ensemble vers le sublime. 

Crédit visuel: © Christophe Abramowitz

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Lise Lefebvre

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