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Purcell, Haendel, De la renaissance au baroque anglais

Purcell, Haendel, De la renaissance au baroque anglais

25 July 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Le Festival Radio France Occitanie Montpellier propose le 22 Juillet 2022 un concert à la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier. L’ensemble vocal Les Eléments et l’ensemble instrumental Les Ombres interprètent des œuvres de John Eccles, Thomas Tallis, William Byrd, Henry Purcell ainsi que le Dixit Dominus de Georg Friedrich Haendel, sous la direction de Joël Suhubiette.

Un lieu exceptionnel

Lorsqu’il disparaît brutalement, Henry Purcell (1659-1695) est au sommet de sa gloire. Opéras, musique de chambre, musique sacrée, il a tout composé. Surtout il a écrit des « anthems ». Il s’agit de textes bibliques, chantés en anglais et non en latin pour la liturgie anglicane. Mais le programme nous fait aussi découvrir les prédécesseurs de Purcell, Thomas Tallis (1505-1585) et William Byrd (1539 -1623). Une remontée dans le temps.
Pour se rendre au concert le spectateur traverse la vieille ville de Montpellier pour arriver à la cathédrale Saint-Pierre. Une « forteresse cathédrale » dont il demeure, de l’époque médiévale, le portail flanqué de deux tours cylindriques. La scène est dominée par l’orgue, majestueux, illuminé de bleu et de rouge.
L’ensemble vocal Les Eléments a été fondé en 1997 par Joël Suhubiette. Il réside à Toulouse et attache une grande attention à la restitution du répertoire ancien en particulier à capella. Les Ombres est un ensemble de musique ancienne, spécialisé dans le répertoire baroque et jouant sur des instruments d’époque.

Avant Purcell

Le concert débute par une pièce instrumentale de John Eccles (1668-1735) « The Mad Lover ». Une musique paisible qui devrait soulager l’amant inconsolable ! « If Ye Love Me » est un anthem composé par Thomas Tallis en 1549. Une œuvre à capella, une prière de grande sérénité. « Laudibus in Sanctus » de William Byrd est également une œuvre de la renaissance, composée en 1591. En latin et à capella c’est une louange à la gloire de Dieu, une musique joyeuse soutenue par un élan divin.
L’âge d’or de la musique anglaise

« Remember not, Lord, our offences » a été composé par Purcell entre 1679 et 1982 alors qu’il était maitre de chœur et organiste à l’abbaye de Westminster. Ce chant, également à capella, est une supplique remplie de douceur et de délicatesse. Une musique émouvante par sa pureté.
« Welcome to all the pleasures » est une ode à Sainte Cécile, la sainte patronne des musiciens. Une œuvre surprenante, très inventive. Après une longue introduction de l’orchestre, plusieurs récitatifs s’enchainent. Les solos ou duos sont accompagnés par l’orgue, en basse continue puis par le violoncelle et le luth. L’œuvre se termine par un appel à Sainte Cécile, quelque peu malicieux.

Un chef d’œuvre juvenile

Le Dixit Dominus a été composé par Haendel en 1707, à Rome, lors de son voyage en Italie, avant son départ pour l’Angleterre. Il n’a alors que 22 ans et compose pour ses puissants protecteurs romains, cette cantate en huit chœurs, ou arias, écrite d’après le psaume 110. Une œuvre exaltante, jubilatoire, en partie inspirée par la musique italienne et par Antonio Vivaldi. Le succès sera éclatant, une conversion au catholicisme sera même proposée au compositeur, une proposition qu’il déclinera poliment. Dixit Dominus : le chœur est célèbre, la musique fougueuse, dynamique, l’orchestration chatoyante. L’interprétation de Joël Suhubiette , du chœur et de l’orchestre est brillante, séduisante. Dans l’aria suivant : « Virgam virtutis tuae », le contre ténor est accompagné du seul violoncelle. Un duo serein, émouvant, un récitatif qui monte vers le ciel. Puis les chaudes voix des sopranes s’élèvent au dessus des cordes et du clavecin en basse continue. « Il boira au torrent en chemin » : cet aria est une tendre et belle consolation, les deux sopranes chantent à l’unisson. Le chœur et l’orchestre se rejoignent pour le gloria final, la musique est triomphante, c’est une louange à la gloire de Dieu.
La cathédrale baigne maintenant dans l’obscurité : le spectateur quitte le concert le cœur illuminé par la beauté du lieu, par la beauté de la musique, ému par la découverte d’œuvres anciennes parvenues intactes jusqu’à nous. Le programme de ce soir était un voyage dans l’histoire, jusqu’à l’Angleterre de Marie Tudor et Elisabeth1 Un concert marquant aussi par son intérêt historique.
visuel (c) JMV

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Jean-Marie Chamouard

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