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La musique romantique au féminin

La musique romantique au féminin

16 January 2023 | PAR Jean-Marie Chamouard

Le 13 Janvier 2023, à la Seine Musicale, l’Orchestre National de Lyon interprète, sous la direction de Speranza Scappucci le concerto pour violon et violoncelle de Johannes Brahms, le Notturno de Guiseppe Martucci et Pini di Roma d’Ottorino Respighi. La violoniste Alena Baeva et la violoncelliste Anne Gastinel sont les solistes du double concerto de Brahms.

La cheffe romaine, Speranza Scappucci nous invite à une étonnante promenade musicale dans sa ville, en compagnie de Respighi. Née à Rome  le 9 Avril 1973, elle a d’abord été pianiste et répétitrice pour de nombreux opéras. Cheffe d’orchestre depuis 2012, elle est directrice musicale, depuis  2017, de l’Opéra royal de Wallonie à Liège.  Ce soir, elle dirige l’orchestre national de Lyon avec dynamisme, énergie, vivacité. 

Alena Baeva (née à Alma Ata le 19 02 1985) est une violoniste kazakh et russe, soliste de l’Orchestre Philharmonique de Moscou. Anne Gastinel est une violoncelliste française ( née le 1410 1971 à Tassin la Demi Lune), elle mène une carrière internationale et enseigne au conservatoire national de musique et de danse de Lyon. Ensemble elles vont interpréter le double concerto de Brahms, jouant à l’unisson, comme si les deux solistes ne faisaient qu’un .

Le concerto de la réconciliation

Le concerto pour violon et violoncelle de Brahms a été écrit en 1887. Dernière œuvre symphonique du compositeur, il a été dédicacé par Brahms au violoniste Joseph Joaquim pour se réconcilier avec son ami. Ce double concerto était une forme musicale devenue rare à la fin du 19ème siècle. Des accords saisissants de l’orchestre inaugurent l’Allegro, suivi d’un long solo du violoncelle, rempli de douceur et de gravité. Un dialogue s’engage avec le violon, les deux solistes sont en symbiose. Cet allegro déploie une belle énergie, les accents de l’orchestre sont spectaculaires ainsi que les staccatos finaux. Dès les quatre notes initiales du cor, le climat de  l’andante est méditatif,  lyrique . Grave et profond, le violoncelle expose le thème, un thème magnifique, typique de Brahms qui prend de l’ampleur  comme une vague d’émotions . Un mouvement lent serein, d’une grande plénitude. Légèreté et insouciance marquent le final. La musique est joyeuse, rythmée presque dansante. La vigueur,la fougue se déploient jusqu’au roulement de tambour final. 

 

Un nocturne romantique

 

Compositeur et chef d’orchestre italien, Guiseppe Martucci(1856- 1909) fera connaître dans la péninsule le romantisme allemand, en particulier la musique de Brahms. Son Notturno, composé en 1896 est un moment romantique,  doux et apaisant. Le hautbois puis le violoncelle chantent l’amour, l’auditeur est transporté dans une chaude nuit italienne. La musique prend de l’ampleur, exprimant passion et gravité puis s’éteint peu à peu dans le calme retrouvé de cette nuit estivale, jusqu’à la longue note finale tenue. 

Ce nocturne est très poétique,très émouvant,mis en valeur par la délicatesse de l’interprétation de Speranza Scappucci.

Un étonnant poème symphonique

Ottorino Respighi compose son «Pini di Roma» en 1924. Ce poème symphonique est d’une grande expressivité d’une grande richesse orchestrale exposant quatre tableaux, quatre visions de la ville éternelle. L’orchestre se fait plus imposant, renforcé par la harpe, l’orgue, le  piano et les trompettes. L’auditeur est invité dans les jardins de la villa Borghèse, il assiste à des jeux d’enfants. C’est joyeux, ludique, agité. Les catacombes ensuite : un chant funèbre porté par les cors et les contrebasses monte des profondeurs. Un chant émouvant, captivant, inspiré du chant grégorien. La musique devient déchirante, dramatique,  des forces surhumaines se déchaînent puis s’éloignent vers les profondeurs. Changement d’ambiance, nous sommes sous les pins du Janicule, contemplant un paysage paisible. Le bruissement des cordes nous fait entendre le vent dans les arbres. Le chant d’amour du hautbois s’en détache, la harpe rajoute une exquise douceur. Le chant du rossignol renforce l’atmosphère champêtre. Le poème se termine par le défilé triomphal de la légion romaine sur la Via Appia. Les roulements de tambour se rapprochent peu à peu,  on entend les lourds pas rythmés des légionnaires. Peu à peu la musique se fait plus forte, plus fière aussi. Les trompettes disséminées dans la salle annoncent le triomphe, un triomphe spectaculaire,la puissance de l’orchestre est éclatante. Un moment inoubliable.

L’union du violon d’Alena Baeva et du violoncelle d’Anne Gastinel dans le double concerto de Brahms, la sensibilité poétique du Notturno de Martucci,  la visite de Rome avec Respighi : ce concert, au programme original, ne manque pas d’attraits.

 

Visuel : ©JMC

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Jean-Marie Chamouard

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