Blake et Mortimer, 8 heures à Berlin, de l’action au cœur de la guerre froide

La 29ème aventure des deux héros britanniques mêle habilement action, histoire et réflexion sur l’actualité.

Deux histoires qui se rencontrent

En 1963, Phillip Mortimer, scientifique de renommée mondiale, est invité en URSS par sa vieille amie et complice, Olga Mandelstam, dont l’équipe a fait des découvertes archéologiques majeures. Dans l’Oural, elle aurait retrouvé l’antique cité d’Arkaïm. Après avoir passé les pointilleuses et paranoïaques polices soviétiques, Mortimer découvre qu’il est finalement présent sur un charnier récent. Plusieurs hommes de même taille et corpulence ont été enterrés sans visage. Hors, il doit absolument cacher cette macabre découverte aux autorités soviétiques.

Au même moment, Werner Scheibling, un espion, haut gradé de la Stasi, parvient à franchir le mur de Berlin érigé en 1961. Blessé gravement, il décédé, non sans avoir eu le temps de dire le mot « Doppelganger » à son homologue ouest allemand, Otto Frutiger.

Directeur du MI5, Francis Blake est convoqué à une réunion de maitre-espion en Suisse.
Avant d’être à son tour assassiné, Otto Frutgier a le temps de dire à Blake le mot « Dopplegaganger ».

Une mission complexe

Intrigué par un mystérieux hôpital dont personne n’ose parler, Mortimer part à sa rechercher et découvre les terribles expériences sur les humains du sinistre Julius Franz, qui a déjà fait de même dans des camps de concentration.

Soutenu par Olrik, l’ennemi juré de Blake et Mortimer, Julius Franz manipule le cerveau d’êtres humains et parvient à faire prisonnier Mortimer qui lui sert de cobaye. Puis, plus tard, Blake sera à son tour son prisonnier en Allemagne à Berlin Est.

Comment nos héros parviendront-ils à échapper à Olrik et son affidé Franz ?
Qu’a souhaité faire passer comme message l’espion avec « Doppelganger », sosie en allemand ?
Ces nombreux évènements concomitants arrivent au moment même où Kennedy, le président américain, est à Berlin et y prononce son célèbres discours « Ich bine ein Berliner ».
Tous les espions et forces de l’ordre sont en alerte maximale alors que manquent à l’appel Blake et Mortimer.

Une enquête dans la lignée

Créée en 1949 par Edgar P Jacob, en pleine guerre froide, la BD Blake et Mortimer connaît 29 tomes. Les premiers épisodes montrent un monde libre qui affronte le communisme. La série propose ensuite de la science fiction tout en gardant un fond historique très proche de la réalité.
La série s’arrête une première fois en 1987 à la mort de son auteur ; il ne peut finir une trilogie et c’est Bob de Moor qui la finit en 1990.
Blake et Mortimer reprend en 1996 avec L’affaire Francis Blake, pour ne plus s’arrêter ; elle aura connu plus de volumes après la mort de son créateur qu’auparavant. Après Jean Van Hamme et Yves Sente qui se sont succédés au scénario, c’est un nouveau duo qui opère ici : José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental.
Avec 8 Heures à Berlin, Blake et Mortimer effectuent comme un retour aux fondamentaux. Le lecteur fidèle y retrouvera un astucieux mélange de science fiction et d’espionnage, entre Jules Verne et John Le Carré. Le fond historique est très réaliste, l’ambiance Guerre froide paranoïaque y est très bien décrite ; le côté scientifique relève quant à lui toujours de la science fiction et permet une réflexion éthique. L’amateur sera peut être juste un peu frustré par une enquête haletante, qui maintient le suspens, avant une fin qui arrive peut être un peu vite.

Ilan Levy

Les aventures de Blake et Mortimer
Tome 29
Huit heures à Berlin
Scénario : José-Louis Bocquet – Jean-Luc Fromental
Dessin : Antoine Aubin

Editions Blake et Mortimer
64 pages – 16€50