
Julia Fischer et l’Orchestre National de France plongent Radio France dans Mendelssohn et l’Italie
Cristian Macelaru a remplacé au pied levé Riccardo Muti pour diriger ce concert du 20 octobre, diffusé en direct sur France Musique à l’auditorium de Radio France. La violoniste allemande Julia Fischer interprétait le 2e concerto de Mendelssohn (1844) et l’orchestre nous emmené à la découverte de Rome à travers deux symphonies de Bizet et Respighi.
Mendelssohn, Fischer, la maturité
C’est donc avec un monument de la musique classique et du romantisme allemand et œuvre de maturité qu’a commencé la soirée. Avec la joie, pour le public français, d’entendre l’une des plus grandes solistes allemandes dans ce répertoire. Rayonnante dans sa robe-tube noire, Julia Fischer a débuté le premier mouvement “allegro molto appassionato” avec douceur. Techniquement, c’est bluffant et son jeu est posé, presque scandé avec un moment de lévitation où la musicienne joue seule, presque comme une partita. C’est Cristian Macelaru qui fait le lien avec l’orchestre, souple et solennel. Lorsqu’elle ne joue pas la violoniste écoute, avec attention et c’est seulement dans le deuxième mouvement, avec un rythme plus apaisé qu’elle se permet de montrer plus d’émotion, sans jamais tomber dans l’émotivité. Enlevé, mais toujours racé, le troisième mouvement permet à l’orchestre de briller dans un bal brillant et quasi viennois. En bis de cette exécution parfaite et sans interruption d’une œuvre majeure, Julia Fischer donne le 13e Caprice de Paganini et reste sur la même note de maîtrise et d’absence d’effets inutiles. Elle est longuement applaudie et revient dans le public avec son instrument en main pour entendre la deuxième partie…
Rome, ville des projections musicales
L’on ne quitte pas tout à fait l’Allemagne, avec la Symphonie Roma (1860) de George Bizet, œuvre de jeunesse qui devait mobiliser une ville italienne différente dans chacun de ses trois mouvements, mais qui reste fixée sur Rome. Or, la composition est bien plus inspirée du romantisme allemand que de l’Italie, ce qui fait qu’en venant de Mendelssohn, le public n’est pas tout à fait dépaysé. Les cuivres ont la part belle dans le début de cette symphonie d'”impressions”, où la flutiste excelle et où les harpes ont leur moment de gloire. L’intensité monte jusqu’au dernier moment qui nous plonge dans un carnaval, quelque part entre Rome et Jérusalem.
Beaucoup plus symboliste, les “Pins de Rome” de Ottorino Respighi (1924) nous plongent quartiers par quartiers dans une version quasi mystique de la ville aux 7 collines. Le premier mouvement dédié à la villa Borghèse est explosif. Et une fois toutes les couleurs lancées, les feux d’artifices retombent et se décomposent. Dans le deuxième mouvement, plus sombre, l’on entre dans les catacombes, puis l’on remonte sur le Janicule en toute conscience, avec un solo de clarinette qui éveille les sens, avant un final grandiose sur le chemin de la Via Appia.
L’Orchestre National de France nous aura donc promenés dans l’Europe des 19e et 20e siècles avec élégance et proposé d’effectuer cette promenade avec des œuvres moins connues aux côtés du monument de Mendelssohn.
visuels (c) YH