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Clarinette, alto et piano : Un trio inédit, Au festival de l’Orangerie à Sceaux

Clarinette, alto et piano : Un trio inédit, Au festival de l’Orangerie à Sceaux

21 September 2021 | PAR Jean-Marie Chamouard

Adrien La Marca, altiste, Tanguy de Williencourt, pianiste et Nicolas Baldeyrou, clarinettiste se sont retrouvés pour un concert de musique de chambre à l’Orangerie de Sceaux, le dimanche 19 septembre à 17h30. Ils ont interprétés le trio « Les Quilles » de W. A. Mozart, le Grand Duo Concertant pour clarinette et piano de Karl Maria Von Weber, des extraits du Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev et les Märchenerzählungen de Robert Schumann. Le festival organise treize concerts entre le 9 et le 26 septembre 2021.

Un festival dans un lieu historique exceptionnel

A l’entrée du somptueux parc de Sceaux, l’Orangerie. L’édifice a été bâti en 1686 par l’architecte Jules Hardouin Mansart et a été restauré par le département des Hauts de Seine en 2014. Ce bâtiment classé monument historique accueille le festival de l’Orangerie de Sceaux, dans la galerie d’art parmi les statues antiques. La beauté, la majesté du lieu donnent une solennité au concert.
Le festival de l’orangerie de Sceaux est l’un des plus anciens de France, fondé en 1969 par le violoniste Alfred Loewenguth qui déplorait l’absence de concert de musique classique, l’été, en Ile de France. Son fondateur voulait promouvoir de jeunes artistes et faire découvrir au public des œuvres peu jouées. Le concert de ce soir répond à ces deux objectifs. La jeunesse d’abord : Adrien la Marca est un talentueux altiste français âgé de 32 ans, membre du quatuor formé par Renaud Capuçon. Tanguy de Williencourt, 31 ans, est un pianiste, soliste et chambriste remarqué, formé au conservatoire de Boulogne Billancourt. Le clarinettiste Nicolas Baldeyrou, 42 ans, a remplacé dans la journée Raphael Sévère. Les œuvres ensuite : les trios de Mozart et Schumann alliant la clarinette, l’alto et le piano sont des combinaisons instrumentales inhabituelles. Le Grand Duo Concertant de Weber est relativement peu joué et l’arrangement (par Vadim Borisovsky) pour piano et alto du ballet de Prokofiev Roméo et Juliette est très original.

Un programme inédit

Le concert débute par le Trio « Les quilles » composé par Mozart en 1786. Le compositeur aurait été inspiré par une partie de quilles chez un ami. L’association du piano, de l’alto et de la clarinette était alors une grande première. Le premier mouvement est un andante, la mélodie est paisible douce. Le menuetto est joyeux, entrainant, gracieux. Lors du rondo final la clarinette expose le thème. La chaleur, la pureté du chant de la clarinette de Nicolas Baldeyrou, touchent au cœur des auditeurs.
Le grand duo concertant composé en 1815-16, par Carl Maria Von Weber est la première œuvre majeure pour piano et clarinette. Elle nécessite une grande virtuosité de la part des deux interprètes. L’allégro initial « con fuoco » est tout en énergie, en vélocité, la clarinette se fait presque trompette, la virtuosité du pianiste est frappante. L’andante a un début recueilli, plaintif, puis la clarinette expose un thème très romantique. La douceur triste du jeu de la clarinette est très émouvante. Le rondo final retrouve énergie et rapidité, se terminant comme une danse frénétique, en un tourbillon final étourdissant.

L’arrangement pour piano et alto du ballet de Prokofiev Roméo et Juliette est une œuvre post romantique, pleine d’imagination et d’expressivité. Le ballet a été composé en 1935, au moment du retour en URSS du compositeur. L’introduction est une musique fluide, lyrique, une promesse d’amour. Lors de la célèbre danse des chevaliers, les lourds accords du piano, les accents rythmés de l’alto alternent avec des moments de tendresse rappelant l’enfance de Juliette. Pour la mort de Juliette la musique est toute en tristesse retenue. Le moment consacré à Mercutio est bien différent : la musique devient allégresse, vivacité, espièglerie confirmant le talent d’Adrien La Marca.

Le concert se termine pour le trio Märchenenerzählungen de Robert Schumann, composé en quelques jours en 1853.C’est un trio plein de fantaisie, pour clarinette, alto et piano qui fait référence à celui de Mozart. Le premier mouvement pourrait être une ballade romantique. Les deuxième et quatrième sont fougueux, les accords puissants, rythmés. Le troisième mouvement, lent, est d’une grande douceur, d’une grande beauté. La sérénité est totale, la musique semble flotter en dehors du temps, dans une beauté irréelle. Un chef d’œuvre romantique.

Le festival de l’orangerie de Sceaux nous a offert ce soir un concert remarquable par la beauté du lieu, l’originalité des œuvres et la qualité de l’interprétation.
visuel : affiche 

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Jean-Marie Chamouard

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