Chanson
Interview avec Fred Nevché : « Ce disque est peuplé de fantômes, mais des fantômes pleins de lumière »

Interview avec Fred Nevché : « Ce disque est peuplé de fantômes, mais des fantômes pleins de lumière »

05 December 2018 | PAR Jean Emmanuel P.

Conçu comme un ensemble plus vaste, le nouvel album de Fred Nevché, « Valdevaqueros », s’accompagne d’autant de clips que de chansons, et d’un poème visuel. Faussement mélancoliques, ses morceaux abolissent les frontières entre chanson, poésie et musique électronique. A chacun de s’y frayer son propre chemin. Fred Nevché est actuellement en tournée, et se produira le 11 décembre prochain au Point Ephémère (Paris).

TouteLaCulture : Votre dernier album, intitulé VALDEVAQUEROS, est sorti récemment, quel est son esprit général par rapport au précédent ? Quelle place respective avez-vous souhaitez accorder aux mots et à la musique ?

Nevché : Cet album, c’est un virage à 180°. Ce disque marque une rupture qui scelle la réconciliation entre la poésie et la pop, entre interrogations sur le monde et divertissement. Ce qui m’intéressait dans cet album, c’est la multiplicité des récits et les questionnements sur l’identité, le genre, le désir. Je suis passé d’un rock à prétention littéraire à un son électro radicalement pop, avec une déclamation nettoyée d’un certain lyrisme au profit de la voix chantée. Alors que j’ai toujours considéré que j’étais un chanteur, je ne chantais jamais.

J’étais dans une phase où je voulais tout remettre en cause. J’ai fait 10 ans des tournées à 100 dates par an, avec des concerts, des ateliers, du théâtre, de la danse… J’étais comblé mais épuisé. Il fallait que je m’arrête pour changer, cet album a pris trois ans. J’ai attendu et laissé maturer. Après m’être arrêté de tourner, ce qui n’était pas forcément simple, j’ai repris tous mes carnets, les aient recopiés dans mon ordinateur et j’ai ouvert plusieurs fichiers, dont un premier consacrée à une traversée de campagne, le deuxième avec des bouts de poèmes, et un troisième avec ce que je ne savais pas mettre ailleurs. Et petit à petit, j’ai fait se répondre les morceaux, à les mettre ensemble et en une nuit, un peu folle, plusieurs mélodies sont venues, dont cinq figurent sur l’album.

 

Quelle est votre manière d’écrire et de composer ? Vous avez un thème en tête ou bien un air de musique ? Quels sont vos secrets de fabrication ?

Une chanson peut naître sur un coin de table, d’une phrase anodine car c’est la vie. J’ai plus de facilité à écrire des mélodies que des textes. Il y a deux phases d’écriture en moi, l’écriture spontanée à destination de la parole parlée et le travail d’artisan, pour arriver à écrire un texte qui épouse la mélodie. A force de répéter, de la musicalité de mots naît la mélodie. La musique électronique est une passion, mes premiers amours. J’ai cherché quelque chose de minimal, de délicat et de retenu. Je voulais aller loin dans cette direction, à la recherche d’une plénitude.

Ce disque est peuplé de fantômes, mais des fantômes pleins de lumière, avec ce qui me hante, mes origines, le souvenir de ma famille. J’ai voulu laisser parler mes ancêtres, et chanter pour eux. Ce sont des mélodies qui me venaient, avec la découverte que mon nom de famille, d’origine arménienne, est celui d’une ville en Turquie. Il y a aussi d’autres fantômes dans cet album, en lien avec la chanson française, avec des références à Brel, Gainsbourg, Sébastien Tellier, Flavien Berger (qui est l’origine du nom de cet album)…

Vous vous appuyez beaucoup sur les réseaux sociaux dans votre travail de diffusion, quel est votre rapport au numérique ?

Pour ce projet, j’ai commencé par « Décibel », qui est un poème audio, comme un prélude à l’album, puis j’ai décidé d’en faire un film. J’ai tout écrit avant sur la manière dont je voulais aller à la rencontre du public, sur la façon de faire des clips pour Youtube, car aujourd’hui les images sont le véritable support de la musique. Pour l’album, j’ai commencé par un EP de trois titres, pour habituer à mon changement à 180°. 13 clips sont diffusés de manière progressive. Un autre single va sortir au printemps, dans une version sans doute beaucoup plus pop.

Sur mon compte Instagram, je n’expose pas n’importe quelle photo, je raconte une histoire que j’agrémente de quelques textes. Sur Facebook, qui me sert à de l’auto-promotion, j’y mets plus d’informations. C’est un jeu de pistes, c’est fabuleux pour qui serait intéressé de gratter. Je suis très intéressé par les rapports entre la synthèse de la voix, la musique et les supports numériques. Je souhaite poursuivre dans cette démarche, et je pense me tourner vers de vrais chercheurs du numérique, car il offre des possibilités extraordinaires de récit.

Quel est désormais votre rapport à la scène ?

Je viens de la scène, du spectacle vivant avec le slam. Mais je suis aussi un chanteur. Je me sens désormais à ma place. Tout s’est mis en ordre et je me sens comme aligné. J’ai déjà fait quelques concerts. J’attends avec impatience ces moments exceptionnels pour procurer des émotions au public.

En tournée : le 11/12/2018 au Point Ephémère – Paris, le 23/01/2019 au Paloma  – Nîmes , le 29/01/2019 à l’Auditorium – Carcès, le 16/03/2019 au File 7 Magny-le-Hongre, le 08/03/2019 à l’Auditorium – Fuveau, le 17/05/2019 Le Train Théâtre – Portes-Lès-Valence, le 23/03/2019 Festival Vibrations Poétiques – La Sirène – La Rochelle et le 23/05/2019 Café Provisoire – Manosque

Photo : couverture de l’album

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Jean Emmanuel P.

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