Classique
Adam Laloum dans le festival Les Étoiles du classique

Adam Laloum dans le festival Les Étoiles du classique

05 July 2023 | PAR Victoria Okada

Adam Laloum apparaît, le 29 juin à 18 heures, avec un programme Debussy (Suite Bergamasque), Fauré (Nocturne n° 7 op. 74) et Schumann (Kreisleriana op. 16). Les compositeurs français sont si inattendus chez cet artiste réputé pour son penchant germanique (superbes disques Schumann, Schubert et Brahms chez Mirare et chez Harmonia Mundi), cela suscite forcément une curiosité.

 

Adam Laloum joue Debussy et Fauré pour la première fois en public

Une salle polyvalente plutôt adaptée à des spectacles sonorisés n’est hélas pas propice pour qu’un pianiste tout en finesse comme lui puisse s’exprimer librement. Dans la Suite Bergamasque de Debussy, Adam Laloum se bat avec le son épars et sec, mais la bataille semble gagnée par avance par la méchante acoustique. Toutefois, même dans cette condition, il fait entendre dans le « Menuet » cette notion polyphonique si subtile, et surtout, l’exquise délicatesse du « Clair de Lune », avec des pianissimi presque inaudibles. Il affirme ainsi sa présence par le silence, avant d’offrir un « Passepied » intimiste. Ensuite, son Fauré est une dentelle sonore fluide et élégante. Les lignes mélodiques de longue haleine, insaisissables, et les harmonies étranges et uniques, ne semblent pas encore dévoilées leurs secrets au pianiste. Et c’est d’autant plus excitant de savoir comment il va assimiler cette esthétique bien éloignée de son univers actuel qui regarde du côté outre-rhin. Ce premier essai — car c’est bien la première fois qu’il présente ces compositeurs en solo devant un public — laisse une grande marge de progression et c’est certainement l’un des aspects les plus fascinants, communs à tous les grands pianistes qui créent constamment des surprises !

Schumann, toujours

Adam Laloum
Adam Laloum © Didier Blouin

 

Dans la deuxième partie, il est beaucoup plus à l’aise avec Kreisleriana de Schumann. S’il a déjà mis ce monument-miniatures dans le programme de certains de ces récitals, il ne les a pas encore gravés. Veut-il attendre que cela mûrisse davantage ? Ce jour, il joue généralement avec des temps assez rapides, et ce, dès la première pièce tout comme l’avant-dernier morceau où il se montre fiévreux. Dans « Sehr lebhaft » (5e pièce), le staccato pointé joué comme un chuchotement alarmant éveille un sentiment de vigilance. Les morceaux lents ou modérés constituent toujours son terrain d’expression privilégié. C’est le cas au début de la 2e pièce « Sehr innig und nicht zu rasch » ; et notamment, dans la 6e pièce « Sehr langsam », lorsque le morceau s’anime avec des notes pointées à la main droite sur une pédale à la main gauche, la tension libérée fait respirer de beauté.
En bis, un Moment musical de Schubert D 780, un de ces chevaux de bataille.

Adam Laloum est revenu au Festival, au concert de clôture (sonorisé), sur la scène en plein air. Il a interprété le premier mouvement du Concerto pour piano de Schumann, avec l’Orchestre des Jeunes d’Île-de-France sous la direction de Jean-Claude Casadesus.

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