Arts
Raza ou l’esprit de la nature

Raza ou l’esprit de la nature

10 January 2023 | PAR Nicolas Villodre

L’Asiathèque publie en début d’année 2023 L’Esprit de la nature, un ouvrage illustré édité par Annie Montaut et Ashok Vajpeyi qui traite de l’œuvre du peintre indien Sayed Haider Raza (1922-2016), à l’occasion de l’exposition qui débutera mi-février au Centre Pompidou et du colloque qui suivra à l’Inalco.

Élémentarisme

“Indien par la riche exubérance de sa palette (…), français par sa pleine intégration à l’École de Paris”, ainsi que l’écrit Annie Montaut dans la préface, “moderniste” et classique, romantique et abstrait, Raza est un peintre de paysages – de paysages intérieurs, s’entend. Raza sonne comme “rasa” qui signifie émotion esthétique, sensation psycho-physiologique,  plaisir artistique. Le plus difficile étant de faire simple, la démarche du peintre semble avoir été de pousser l’analyse de l’objet ou sujet qu’est la nature à sa réduction extrême.

Ce travail lui a pris près de deux dizaines d’années, qui l’ont conduit à se focaliser sur l’essentiel, sur les panchatatva ou cinq aspects de la pure vérité, éléments fondamentaux de la pensée indienne. Et, pour ce qui concerne l’histoire de l’art occidental, du figuratif à l’abstraction, qui n’est pas synonyme de défiguration mais de dépouillement, d’épuration. La nature, d’abord traduite en matière plus ou moins brute, assez épaisse, se change peu à peu en manière géométrique, symétrique, algorithmique. L’abstraction est un phénomène cyclique, un progrès pour l’avant-garde, un retour aux sources : au yantra, au mandala, à la méditation.

Modernisme

Dans sa jeunesse au cœur de l’Inde, Raza fait partie des fondateurs du groupe des artistes progressistes de Bombay. Comme le rappelle Ashok Vajpeyi, il s’essaie, étudiant, au portrait, puis rejette la représentation de personnages au profit des paysages urbains. Est importante pour lui sa rencontre en 1948 avec le photographe Henri Cartier-Bresson qui lui conseille de soigner la construction de ses tableaux et “d’étudier Cézanne”. Raza fait le voyage à Paris. La première exposition qu’il visite est celle des collages de Matisse à la Maison de la Pensée française.

Il suit des cours aux Beaux-Arts, épouse l’artiste peintre Janine Mongillat, lit les écrits de Kandinsky, s’intéresse au cubisme, à Mondrian, Vasarely, Nicolas de Staël. D’où son goût pour la géométrie. Il “se met à la peinture à l’huile”, expose à la galerie Creuze, vit en donnant des cours de hindi et en illustrant des couvertures de livres et signe un contrat avec la galerie Lara Vincy. À la fin des années 70, il revient “à la tradition séculaire à travers la modernité, sans remplacer l’une par l’autre”. Il faut avouer que c’est la période du peintre qui nous touche le plus.

Visuel : Sayed Haider Raza, Bindu Naad (1995), acrylique © Raza Foundation, Delhi.

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Nicolas Villodre

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