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Condamnation de la journaliste Floriane Irangabiye : une nouvelle atteinte aux droits de l’homme et à la liberté de la presse au Burundi

Condamnation de la journaliste Floriane Irangabiye : une nouvelle atteinte aux droits de l’homme et à la liberté de la presse au Burundi

10 January 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Floriane Irangabiye est une journaliste burundaise, animatrice et commentatrice d’une émission de débats. Critique à l’égard du pouvoir en place au Burundi, elle s’est illustrée pour ses prises de position politiques au sein de l’émission « Igicaniro », depuis le Rwanda. Elle a été condamnée ce mardi 3 janvier à dix ans de prison et à une amende de 1.000.000 de BIF.

Du fait de l’hostilité du régime burundais à l’égard de la presse, Floriane Irangabiye s’exile pendant plus de 10 ans au Rwanda. Cette journaliste se distingue au sein de la radio en ligne « Igicaniro », créée par l’association « Fraternité », qui regroupe les Burundais en exil. Elle décide de retourner au Burundi en 2022 pour rendre visite à sa famille, soit deux ans après la prise de fonction du nouveau Président de la République, Evariste Ndayishimiye. Journaliste et défenseuse des droits de l’Homme, elle a été condamnée ce mardi 3 janvier à dix ans de prison et à une amende de 1.000.000 de BIF pour ses prises de position et pour les débats qu’elle menait au sein de l’émission. C’est une nouvelle atteinte explicite à la liberté de la presse dans le pays.

Pour rappel, le Burundi connaît dès 1993 une guerre civile et ethnique, fortement médiatisée lors du génocide massif des Tutsis au Rwanda de 1994. Le conflit ne s’apaise qu’en 2005 après plus d’une décennie de massacres. le pays reste en proie à une crise politique et économique très importante et est sous le joug d’un pouvoir autoritaire incarné par le Président Pierre Nkurunziza, au pouvoir de 2005 à 2020. Après son décès en 2020 au cours des élections présidentielles burundaises dans lesquelles il n’avait pas reconduit sa candidature, la crainte d’un retour à un temps d’instabilité politique et de crise s’empare à nouveau du pays. C’est finalement Evariste Ndayishimiye qui lui succède, mais les violations des droits de l’homme persistent, comme en témoigne le cas de Floriane Irangabiye.

Le 4 novembre 2022 déjà, le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) appelait depuis Nairobi à une « libération immédiate et inconditionnelle » de la journaliste Floriane Irangabiye, alors détenue depuis plus de deux mois sans inculpation officielle. Celle-ci est accusée de « porter atteinte à l’intégrité du territoire national » (article 611 du Code pénal) par le Tribunal de Grande Instance de Mukaza. Deux photos en particulier lui sont reprochées, sur lesquelles elle figure accompagnée de deux figures politiques très mal vues par le pouvoir en place au Burundi. On aperçoit sur l’une d’entre elle le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame en arrière-plan, et sur la seconde, on peut la voir poser avec l’ancien président burundais Pierre Buyoya en fonction de 1996 de 2003. En dépit de toute défense, elle est condamnée ce mardi 3 janvier pour les relations qu’elle entretiendrait avec les opposants burundais en exil au Rwanda.

Selon le média indépendant burundais « Télé Renaissance » dans une vidéo publiée sur Youtube ce 10 janvier 2023, « La condamnation de Floriane Irangabiye rentre dans la conduite normale du pouvoir burundais [et] vise à faire taire toute voix discordante ». En effet, le cas de la journaliste n’est pas isolé. Nombreux sont les journalistes burundais inculpés et condamnés pour leurs prises de position politiques à l’encontre du régime. En octobre 2019 déjà, Agnès Nduhirubusa, Christine Kamikazi, Egide Harerimana et Térence Mpozenzi (presse écrite indépendante « Iwacu ») sont arrêtés puis condamnés quelques mois plus tard. Selon le classement 2022 publié par « Reporters Sans Frontières » (RSF), le Burundi se classe en 107e position sur une liste de 180 pays, en matière de liberté de la presse : c’est 40 places en moins qu’en 2021 où le Burundi était placé en 147e position. Cependant, la condamnation de Floriane Irangabiye et cette nouvelle violation des droits de l’homme relativisent le constat dressé par RSF qui signale « quelques signaux favorables envoyés par le nouveau président Evariste Ndayishimiye », et témoignent bien du fait que « l’environnement reste encore très hostile pour l’exercice du journalisme au Burundi ».

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Eleonore Carbajo

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