
Sélection naturelle, un roman capitaliste
Canon à bout portant sur la tempe, on ne sait qui tient l’arme de mort. Est-ce un suicide, ou une menace extérieure délibérée ? Voilà, en somme, la teneur du dernier roman d’Alexandre Grondeau, maître de conférence en géographie à l’université d’Aix-Marseille.
Entre Nice et Paris, le roman trace les mésaventures de trois pauvres hères qui cherchent à échapper à leurs conditions et à l’absurde de la vie moderne aliénée qui n’offre d’autre choix que d’écraser les autres pour s’en sortir. Mais à quel prix ? Du reniement de l’humanité la plus élémentaire, mais qu’il n’est jamais trop tard pour exprimer. En fait, si, il est trop tard, et le temps, cet autre ennemi impassible qui attend tapi dans l’ombre, n’hésite pas non plus à frapper au moment le plus fatidique, c’est à dire quand le pardon paraît envisageable. L’humanité, il y en a, mais n’est-ce pas encore plus absurde d’attendre la catastrophe pour l’exprimer ?
Ce roman navigue à travers le tragique et la misère de la condition humaine, où personne n’est innocent, mais où chacun se trouve des excuses plus ou moins viables. Les personnages, aux profils réalistes, se débattent dans la violence de la société actuelle, parfois injuste, souvent indifférente; les scènes sont décrites avec force détails et un registre linguistique parfois cash qui rend les situations d’autant plus vivantes et prenantes. Avec une intrigue simple mais inattendue, Sélection naturelle est le reflet de la société contemporaine, où, abandonnés à eux-mêmes, les hommes aux ancrages affectifs infimes oscillent entre autodestruction et destruction tout court. Fiction certes, mais à méditer.
Sélection naturelle, un roman capitaliste de Alexandre Grondeau, La lune sur le toit, sortie le 1er février, www.selectionnaturelle-lelivre.com 18 euros