Fictions
Raozy Pellerin décrit dans « Bibiche »: Le difficile parcours d’une migrante

Raozy Pellerin décrit dans « Bibiche »: Le difficile parcours d’une migrante

31 August 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Dans son premier roman, Raozi Pellegrin* raconte l’errance de Bibiche, exilée politique en France et sa longue marche vers une éventuelle reconnaissance administrative.

Méandres administratifs et souffrances psychologiques

Bibiche est congolaise, de Kinshasa. Elle était une jeune femme dynamique, autonome, active, appréciée de tous. Militante de la démocratie, elle a été emprisonnée pendant cinq mois et a du fuir son pays pour se réfugier en France. Elle dort Gare du Nord avant d’être accueillie par Marguerite, puis de vivre en foyer. Elle est éprouvée par les longues queues devant la préfecture, la nécessité de se justifier sans cesse lors des entretiens, la crainte de l’expulsion, le sentiment d’impuissance devant les méandres administratifs. Le traumatisme des mois passés en prison la hante toujours. Les cauchemars récurrents sur son séjour en prison contrastent avec des souvenirs flous, comme refoulés. En France, Bibiche a noué de belles amitiés avec Dinah, une très jeune congolaise et avec Raoul, un vieux militant pour l’indépendance du Cabinda (une enclave angolaise au Congo). Avec l’aide de ses amis, de sa psychologue, de son avocate, avec aussi le soutien de la religion elle reprend peu à peu confiance en elle … Malgré un drame, malgré l’interminable attente de la réponse administrative à sa demande d’asile.

Le droit d’asile : un combat à l’issue incertaine

Raozi Pellerin est une juriste. Née à Marseille, elle a grandi à la Réunion. « Bibiche » est son premier roman. Le début est très réussi, suscitant d’emblée l’intérêt. L’écriture est agréable, le personnage de Bibiche attire la sympathie. Le lecteur découvre la complexité du parcours administratif imposé aux demandeurs d’asile : monter un dossier demande beaucoup de précisions, de compétences, de convictions, surtout pour les avocats. Le livre permet de comprendre la psychologie des migrants. Bibiche est une réfugiée politique mais elle souhaite aussi renaitre, commencer une nouvelle vie. Pour cela elle avait même changé son prénom. Ses souffrances psychologiques sont bien décrites : elle est assaillie par des sentiments d’impuissance, d’effondrement, elle ne se reconnait plus elle-même. Vis-à-vis de Marguerite, sa protectrice, elle ressent une gêne mêlée à de la reconnaissance. Les courts intermèdes, écrits en italiques, rappelant les souffrances de Bibiche en prison et ses cauchemars donnent une intensité dramatique au récit. Le malheur est bien réel même s’il est souvent mis en doute. Car le premier problème des réfugiés est « de n’être ni crus ni entendus ».
« Un demandeur d’asile est d’abord un numéro ». L’avocate de Bibiche l’avoue, « l’état est plus enclin à vous refuser le statut qu’à vous l’accorder ». Le roman de Raozy Pellerin est un plaidoyer en faveur des réfugiés politiques et pour le droit d’asile. Un plaidoyer convaincant et touchant.

Raozi Pellerin, Bibiche, Plon, 256 pages, 20 Euros, sortie le 18 août 2022.

*Raozy Pellerin est une juriste , née à Marseille elle a grandi à la réunion. Bibiche est son premier roman . Le début du roman est très réussi accrochant d’emblée l’intérêt du lecteur . L’écriture est agréable, le personnage de Bibiche attire la sympathie.. Le lecteur découvre la complexité du parcours administratif imposé aux demandeurs d’asile. Le livre permet de comprendre la psychologie des migrants . Bibiche est une réfugiée politique mais elle souhaite aussi renaitre dans une nouvelle vie . Elle avait même changé de prénom. Ses souffrances psychologiques sont bien décrites : elle est assaillie par des sentiments d’impuissance , d’effondrement , elle ne se reconnait plus elle-même . Elle souffre d’ennui, de son absence d’autonomie. Vis-à-vis de Marguerite sa protectrice elle ressent une gêne mêlée à de la reconnaissance

visuel (c) couverture du livre

“Stardust” : de la rue aux sommets de la littérature
Céramiques “Contre-Nature, à l’épreuve du feu” au MO.CO. de Montpellier
Avatar photo
Jean-Marie Chamouard

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration