Plonge ici, Jean Rolin
Portrait d’un anti-héros, cavalcade d’un faux champion, recension sans fin d’une partie d’échecs dont l’enjeu est le contrôle du Golfe, Ormuz n’est rien de tout cela. Le nouveau Rolin se perd dans les méandres et y entraîne son lecteur.
Jean Rolin, grand reporter, prix Albert-Londres en 1988 (lire son recueil d’articles et reportages, L’Homme qui a vu l’ours, éd. P.O.L., 2006), tente un roman géo-poétique où Wax, personnage cireux, se lance le défi de traverser le détroit d’Ormuz à la nage. Mais Wax a disparu. Le narrateur, un Rolin enquêteur, entre Commissaire Maigret et James Bond, nous prend par la main pour le retrouver et nous faire parcourir les côtes encombrées d’un non-lieu où les frontières sont poreuses, les paysages embrumés et l’atmosphère engluée d’un pétrole qui sent la poudre d’une guerre qui ne viendrait jamais. Sous nos yeux, le détroit d’Ormuz se transforme en Triangle des Bermudes.
L’enquête s’enlise, rentre dans des ambassades, parcourt des soirées qataries trop pleines d’armes et d’argent, fait du chemin à bord de taxis pakistanais, et Wax n’est toujours pas là. Plongera ? Plongera pas ? A l’instar de K. cherchant à entrer dans le Château, Rolin rassemble ici des souvenirs de voyages, décrit des choses vues, dessine des images orientales. Son but, dans le roman, est de faire les repérages pour la traversée folle de son ami Wax. L’arpenteur-narrateur se noie un peu, mais nous avons des brassards. Wax pas.
Xavier Rinaldi
Jean Rolin, Ormuz, POL, date de sortie le 22 août 2013, 16€
Visuel : couverture (c) DR