
“Pleine Terre” : Corinne Royer enquête sur la fin d’un des agriculteur
Corinne Royer s’inspire librement de l’histoire de Jérôme Laronze, agriculteur de Saône-et-Loire abattu par ses policiers en 2017, dans un roman à suspense malgré la fin attendue. Le roman fonctionne en flash-backs au cours de la cavale du héros. La langue est très littéraire et empreinte de nostalgie.
Le héros du livre s’appelle Jacques Bonhomme, comme le chef de la grande révolte paysanne de 1358. Il est célibataire : après avoir connu un grand amour à l’adolescence, il est resté seul avec ses bêtes. Son meilleur ami d’enfance a eu un accident et il lui rend visite régulièrement chez ses parents. Pendant de longs mois l’administration française se penche sur son troupeau, décide qu’il n’est pas aux normes, lui coupe les moyens de l’alimenter correctement et finit par semer la panique et tuer quelques bêtes. Acculé, il prends la fuite … Mais ne part pas sans laisser de témoins, ni de lettres …
L’auteure de Ce qui nous revient (2019, lire notre critique) se penche sur le piège administratif et inhumain qui pousse un homme à rendre armes, âme et espoir. Dans un français très littéraire et des mots lourds de tristesse et de nostalgie, elle entre dans la psyché d’un homme bafoué qui représente un monde qu’on efface. Mais pas tout à fait sans laisser de traces… Les témoins (dont un vieux vétérinaire assez intéressant) se succèdent pour donner une mosaïque de points de vue sur un fait divers que Corinne Royer transforme en drame intime.
Corinne Royer, Pleine Terre, Actes Sud, 336 p., 21 euros. Sortie août 2021.
visuel (c) Couverture du livre