
Lignes brisées : Harold Cobert trinque aux premières amours
L’auteur d’ ’Un hiver avec Baudelaire et biographe littéraire de Jim Morrisson poursuit son œuvre sur l’amour et le désarroi. Avec Lignes brisées, l’on comprend qu’au 21ème siècle l’éducation sentimentale n’en finit pas.
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Auteur à succès, Gabriel profite d’une lecture et signature à Bruxelles pour inviter son amour d’enfance, Salomé. Elle est mariée, mère de famille, et travaille trop, si bien qu’elle arrive trop tard pour la signature. L’entrevue a lieu cependant, où, vingt ans après, les sentiments inavoués, les rencontres ratées et les émotions enterrées remontent à la surface.
Comme dans l’Entrevue de Saint-Cloud, Harold Cobert veut épingler un tournant de l’Histoire (ici personnelle pour le héros) en donnant à chaque mot de ce qui se dit tout son poids. Son art du dialogue force le respect, dans cet ouvrage qui pourrait être adapté au théâtre comme manifeste d’une (ou plusieurs ?) génération(s) qui ne parviennent pas à terminer leur éducation sentimentale. Le premier amour ne passe pas, même vingt après, la déception se renouvelle et Sisyphe est malheureux. Un mal du siècle lancinant qui, comme l’autre, forge d’éternels adolescents.
Harold Cobert, Lignes brisées, Eho, 128 p., 15 euros. Sortie le 5 mars 2015.
Visuel : couverture du livre.