Fictions
« Les Faits », Lorsque Philippe Roth se dévoile

« Les Faits », Lorsque Philippe Roth se dévoile

28 October 2020 | PAR La Rédaction

A travers cette autobiographie, l’un des plus emblématiques auteur et romancier américain parcourt des thèmes qui lui sont chers. L’occasion de cette réédition de ce livre paru en 1990 nous permet d’en apprendre plus sur l’écrivain mort en 2018 à l’âge de 85 ans. A lire.

Par Emmanuel GUEDJ

Né à Newark en 1933, Philip Roth est notamment le lauréat du prix Pulitzer en 1998. Après « Patrimoine » (Gallimard, 1991), cette nouvelle traduction de Josée Kamoun est sa seconde œuvre autobiographique. Le petit fils d’immigrés originaires de Galicie nous livre, à travers ce livre, une plongée dans son existence. Une mise à nu nous permettant de découvrir son chemin de vie, ses confrontations, ses rencontres, ses réflexions depuis son enfance dans un quartier de la classe moyenne de New-York jusqu’à devenir un enseignant puis un auteur à succès. Ces « faits » lui ont permis de devenir un adulte puis un enseignant ainsi qu’un écrivain adulé de tous, ou presque.
L’auteur de « Portnoy et son complexe » (Gallimard, 1970) nous plonge dès les premières pages dans un dialogue avec Nathan Zuckerman., son double « de fiction » son alter-ego déjà présent dans de précédents ouvrages. Quelle idée de génie d’instaurer un dialogue en début et en fin d’ouvrage avec ce dernier. L’occasion de s’interroger sur son Judaïsme, élément important et central de nombreux récits de cet auteur, mais aussi de se questionner sur sa (la ?) relation Père-Fils.
Ces deux thèmes sont abordés dans les Faits de manière extrêmement subtiles. A propos de son père, de sa vision de lui, il écrit : « Son répertoire n’a jamais été vaste : famille, famille, famille, Newark, Newark, Newark, juif, juif, juif, un peu comme le mien ». Il nous livre par ailleurs une description touchante de son père un peu plus loin. Peut-être pour nous dévoiler leur passion commune du récit. Roth lui a réussi alors qu’Herman Roth, non. « Le rôle mythologique d’un petit juif qui grandit dans une famille comme la [s]ienne -devenir le héros que son père n’a pu être ».
« Ton autobiographie ne nous apprend rien de ce qui, dans ta vie, nous a fait surgir de toi ».
Cette phrase de Nathan Zuckerman représente la clé de cet ouvrage de l’ancien étudiant de l’université de Bucknell, en Pennsylvanie. Comment son existence à façonné ses personnages et de manière plus générale, comment nous pouvons être amené en tant qu’être humain à la création artistique, qu’elle soit littéraire ou non. A la fin de ce récit, Zuckerman dissuade Roth de publier ce livre. Nous pouvons nous demander si ce n’est pas un moyen pour le célèbre romancier de dire aux lecteurs que le récit autobiographique n’est finalement pas plus réel que la fiction.

Un livre comme objet de psychanalyse ?

Philip Roth nous offre un travail d’introspection d’une finesse rare. Impossible de ne pas être sensible à cette description intimiste (sans jamais trop en faire) de son enfance, sa mère aimante, sa vie universitaire, son premier amour. Impossible de rester indifférent au courage de ce père, à la vie de sa première femme, à la violence de ses détracteurs et à l’éclosion de ce talent.
Nul doute que cette nouvelle traduction d’une des œuvres majeures publiée en 1990, qui manie magistralement à la fois souvenirs des faits et imaginaires, vous en apprendra plus sur Philip Roth en dévoilant au fil des pages son rapport à la religion, à l’amour, à la vie. Réalité et destinée.

« Les Faits » de Philip Roth (The Facts), Gallimard. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun. 235 pages. Parution en 1990, réédition augmentée en Mai 2020. 19,50 euros (numérique 14 euros)

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La Rédaction

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