Fictions
“L’énigmatique Madame Dixon” d’Alexandra Andrews, un premier roman à suspense sur les identités littéraires

“L’énigmatique Madame Dixon” d’Alexandra Andrews, un premier roman à suspense sur les identités littéraires

18 October 2021 | PAR Olivia Leboyer
Madame Dixon

Dans ce premier roman, l’identité, l’écriture sous pseudonyme, la figure du double, composent une partition connue, explorée ici avec sensibilité, dans les derniers retranchements. L’étrange Madame Dixon est sortie, aux éditions Les Escales, le 7 octobre.

L’usurpation d’identité est un thème littéraire connu. Déjà, dans les romans feuilletons anglais de Wilkie Collins (La Dame en blanc), dans le roman policier à suspense (Patricia Highsmith et son Monsieur Ripley, Robert Goddard et L’Héritage Davenhall) jouaient avec nos nerfs et nos méninges jusqu’à la dernière ligne. S’en sortirait-il ?

Ici, “elle”, c’est Florence Darrow, jeune assistante éditoriale sans beaucoup d’illusions, sur les mystères de New York, de l’édition ou de l’amour. Poussée par une mère possessive omniprésente, la jeune femme se rêve écrivain, mais l’envie ne suffit pas. Après une déconvenue, voici qu’on lui propose le poste d’assistante de l’auteur à succès, sous pseudonyme, Maud Dixon. Derrière ce nom, Helen Wilson, une femme charismatique, indépendante et déroutante.

Naturellement fascinée, Florence s’emploie principalement à plaire à Helen. Mais, au fait, pourquoi exactement a-t-elle été embauchée ? Lorsque Helen entraîne Florence au Maroc, pour des recherches pour son nouveau roman, les choses se compliquent. Les identités se brouillent et, facilement, s’échangent.

La force de ce premier roman vient de sa voix, puissante et rêche : Florence peut aller loin dans le jeu des identités, car elle ne tient à rien dans la vie. Ni famille, ni amis, ni vraiment à sa personnalité, qui n’est, véritablement, qu’aspiration à autre chose. Ce à quoi elle tient le plus, c’est à ce qu’elle n’est pas, à tout ce qui n’est pas elle. D’où la rage de se raccrocher, soudain, à ses nouvelles perspectives. Pourquoi écrit-on ? Pour la reconnaissance, la consécration ? Pour expulser de soi une histoire traumatisante ? Ou, juste, pour s’en sortir ?

Un roman prenant, assez amer, et bien construit.

Extrait : “Florence raccrocha et ferma les yeux. Les flatteries maternelles, aussi exagérées qu’imprécises, avaient toujours l’effet inverse de celui recherché : elles lui donnaient une conscience aiguë de son insignifiance.” (p. 38)

L’énigmatique Madame Dixon d’Alexandra Andrews, éditions Les Escales, sortie le 7 octobre.

visuels: couverture officielle du livre.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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