
“La vie au fond” : portrait d’un marseillais par Hugues Serraf
Hugues Serraf délaisse le héros en couple pour s’intéresser à un Marseillais macho, rocker, vieillissant, mais pur. La vie au fond est un portrait concentré de Rico, un “dude” aromatisé au pastis.
Rico, portrait d’un raté
Proche de son père, avec un sens aigu de la famille, Rico a été très beau, mais s’est un peu perdu dans la loose, l’alcool et le deal à la petite semaine. Blouson de cuir sur le dos, santiags aux pieds et Radio France dans les oreilles, il est assez décati, célibataire et est dépendant de la bienveillance du manager du supermarché qui lui met de côté des denrées à DLC dépassées. Alors qu’il est en procès pour tenter de conserver son appartement aux loyers payés trop en pointillés, il décide de faire une virée vers le cap d’Agde pour relancer sa libido…
Accents de vérité
Vous l’aurez compris, c’est un anti-héros que Hughes Serraf nous propose de côtoyer dans son intimité et un peu comme une pièce de musée, un “dude” ou un Vernon Subutex de Marseille. Le verbe est vif, on entend la musique dans la langue, certains réflexes sont très bien vus. Il y a même un peu de tendresse qui fait que l’on adore ce personnage de valeureux qui reste, avec une certaine pureté malgré le désastre, fidèle à ses valeurs. Il manque néanmoins un peu de suspense et de mouvement pour nous embarquer complètement dans l’univers de Rico.
Hugues Serraf, La Vie au fond, Intervalles, 184 p., 17 euros. Sortie le 17 juin 2022.
Visuel (c) Couverture du livre