
“La neige de saint Pierre”, une fable étrangement inquiétante de Leo Perutz
Fable grinçante sur un jeune médecin entraîné par une vieux noble révolutionnaire, La neige de Saint Pierre est un récit écrit par un auteur tchèque de langue allemande exact contemporain de Kafka : Leo Perutz. Les éditions Zulma proposent de redécouvrir dans une traduction de Claude Capèle cet excellent récit banni par le IIIe Reich à sa sortie en 1933.
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Orphelin jeune, ayant fait ses études à force de volonté le jeune et très sérieux docteur Amberg décide d’entrer au service du baron von Malchin dans un domaine situé non loin d’Osnabrück. Nous sommes dans les années 1930 et le baron a des grandes idées : non seulement il aime parler culture et apprécie que Amberg ait des connaissances en histoires liées aux livres légués par son père, mais il voudrait, assisté par une charmante jeune femme au nom grec et surnom d’animal, également redonner la foi aux hommes matérialistes des années 1930.
Tout cela commence et finit comme il se doit : à l’hôpital tendance psychiatrique. Il y a du Président Schreber dans le personnage de Malchin et une naïveté touchante chez le héros qui vit son anti-Bildungsroman avec lucidité et empressement. Le fond sur la foi et ce que l’on tente d’étouffer fait réfléchir, tandis que la solidité de l’âme humaine est mise en questions juste quand il faut.
Leo Perutz, La neige de saint Pierre, roman traduit de l’allemand par Jean-Claude Capèle, Zulma, 240 p., 9.95 euros. Sortie le 3 octobre 2016.
visuel : couverture du livre