
“Débâcle”, le livre phénomène de l’auteure flamande Lize Spit
Avant même la trentaine, la belge Lize Spit est un phénomène littéraire : son premier roman Débâcle (en néerlandais Het Smelt, la Fonte) a séduit son pays et s’est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires. Plongée dans une adolescence d’ennui dans un village flamand, ce texte lourd, capiteux et habité draine le lecteur vers un monde disparu qui n’est pas non plus un monde regretté…
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Eva approche de la trentaine lorsqu’elle revient dans le petit village de Bovenmeer en Flandres où elle a passé sa jeunesse. Les souvenirs remontent : l’amitié avec Pim et Laurens, les maillots de bains rembourrés, Tessie, la sœur fragile mais aussi les jeux d’enfants qui terminent mal et la mort d’un ami qui a mis fin à l’enfance. Le retour est aussi une enquête sur cette tragédie…
Lent, lancinant et touffu comme les longues journées d’été désœuvrées de l’adolescence, Débâcle saisit très précisément l’ennui d’une jeune-fille vive dans un village trop petit pour elle. La madeleine n’est pas toujours sucrée, surtout quand c’est un drame qui a mis fin à l’enfance, mais la galerie de portraits est aussi vibrante qu’un tableau de Breughel et le lecteur retrouve le mélange unique d’ennui, d’énergie, d’impatience et d’angoisse du futur, qui nous a tous habités à l’adolescence, en métropole, comme au village.
Lize Spit, Débâcle, trad. Emmanuelle Tardif, Actes Sud, 432 p., sortie en février 2018.
visuel : couverture du livre