
“Dans ce jardin qu’on aimait”, Pascal Quignard : une ritournelle insistante
Dans le sillage de Tous les matins du monde, qui offrait une seconde vie aux violistes Marin Marais et Sainte Colombe, Pascal Quignard lève le voile sur l’histoire du révérend Simeon Pease Cheney.
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Menant une vie érémitique aux environs de Sens, Pascal Quignard subit régulièrement les assauts morbides de la dépression. Désormais coutumier du fait, il a appris, dit-il, à l’accueillir plutôt qu’à résister, à entrer en dépression comme en sacerdoce. C’est de ces tréfonds que nous vient Dans ce jardin qu’on aimait, comme il le précise en préambule.
Son compagnon de route fut cette fois Simeon Pease Cheney, un homme d’église qui vivait près de New York au XIXe siècle siècle. Durant vingt ans, cet homme s’évertua à transcrire en musique le chant des oiseaux qui venaient pépier dans le jardin de sa cure.
Très vite, le récit prend une forme théâtrale dialoguée, dont les personnages sont le récitant, le révérend, sa jeune épouse tôt disparue, Eva, et leur fille Rosemund. Plutôt que le portrait d’une passion musicale, Pascal Quignard tourne autour du deuil impossible du révérend, et de l’aversion croissante qu’il ressent pour sa fille, dont la beauté lui rappelle douloureusement l’absence de sa mère.
Les admirateurs du style dépouillé et minéral de Quignard le retrouveront avec entrain. Cependant, ce texte lisse présente peu d’accroches pour nous entraîner à sa suite. La musique reste un thème secondaire, et l’intrigue assez mince pour nous intéresser profondément.
Dans ce jardin qu’on aimait, Pascal Quignard, Editions Grasset, 176 p., 17,50€