
Catalogue de l’exposition “Derain, Balthus et Giacometti”
Si le parcours de l’exposition Derain, Balthus, Giacometti laisse à désirer, la lecture du catalogue qui l’accompagne apporte quelques éclairages complémentaires pertinents.
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Comme dans trop de catalogues ces derniers temps, on ne peut que regretter l’absence totale de commentaires d’œuvres – seule figure une liste des œuvres exposées en fin d’ouvrage. Mais venons-en aux essais : 3 d’entre eux sont de la main de la commissaire de l’exposition, Jacqueline Munck, quand d’autres ont été confiés à des historiens d’art renommés, comme Isabelle Monod-Fontaine ou Itzhak Goldberg.
Ce dernier notamment a le mérite d’avouer franchement la gageure du sujet, expliquant peut-être par là-même les faiblesses de l’exposition : ” (…) Ces quelques citations arrivent comme une bouée de sauvetage pour un historien d’art qui se lance dans l’exercice acrobatique consistant . trouver des liens entre les artistes réunis par l’exposition qu’accompagne cet ouvrage. Exercice de haute voltige, tant tout semble séparer ces créateurs : l’âge, le style, le rapport à l’art.” Il poursuit son essai en opposant de façon pertinente la question du portrait, auquel il rattache Derain et Balthus, à la défiguration du visage telle que poursuivie par Giacometti et Artaud.
L’essai de Monod-Fontaine sur le rapport de Derain à sa nièce Geneviève, dont les premiers portraits ont fortement marqué le jeune Balthus avant qu’il ne s’engage dans son exploration ambiguë du monde de l’enfance, revient avec délicatesse sur les liens qui unissait celle-ci à l’aîné des trois peintres.
Citons encore une analyse pointue de l’influence des civilisations anciennes sur la sculpture de Giacometti (par Dominique Radrizzani), et enfin l’essai non politiquement correct de Nicholas Fox Weber : déjà l’auteur d’une biographie de Balthus en 2003 (Fayard), celui-ci dresse un portrait somme toute peu flatteur de celui qui aura survécu de près de 40 ans à ses deux comparses. Son franc-parler achève de déminer le parcours trop sage de l’exposition, faute de s’être évertué à trouver des correspondances trop superficielles entre l’œuvre de ces artistes.
Derain, Balthus et Giacometti. Une amitié artistique, Paris Musées, 49,90 €
Visuel © André Derain (1880-1954), Geneviève à la pomme, vers 1937-38, Huile sur toile, 32 x 73 cm, Collection privée © Thomas Hennocque © ADAGP, Paris 2017