Cinema
“Un vent de liberté” en DVD : beau portrait dans le Téhéran d’aujourd’hui

“Un vent de liberté” en DVD : beau portrait dans le Téhéran d’aujourd’hui

27 February 2018 | PAR Geoffrey Nabavian

Découvert à Cannes 2016 dans la section Un certain regard, et sorti dans les salles françaises en juillet 2017, grâce à Diaphana (site ici, Facebook ici), ce film iranien donne à suivre des personnages attachants.

Niloofar, pas mariée, et sans enfant, gère un atelier de couture aux employées nombreuses dans le Téhéran d’aujourd’hui. Prise, au sein de sa famille, pour la personne la moins occupée, la moins “installée”, elle est désignée d’office pour devenir la garde-malade de sa mère âgée, lorsque cette dernière doit quitter la grande ville pour raisons médicales. D’abord résignée, elle ose finalement dire tout haut qu’elle ne veut pas que son frère, sa sœur et leurs familles décident pour elle. Le début d’une suite de confrontations avec sa fratrie…

Dans Un vent de liberté, tous les personnages sont en prise directe avec la réalité de la capitale iranienne aujourd’hui, et avec leur famille, qui les entoure, en même temps. Cette comédie de mœurs, à l’intrigue peu riche en rebondissements, trouve sa spécificité dans le cadre qu’elle peint : une société en mutation, dans laquelle les relations familiales ont encore un grand poids, et restent très spécifiques. La forme est simple, le fond a plusieurs dimensions. Surtout, la parole y sonne avec force. Au fil des échanges entre frère et sœurs, qui se disputent souvent, et ont tous à faire avec leurs difficultés, elle révèle beaucoup. Les scènes prennent leur temps, et laissent tout l’espace possible à cette parole particulière. A travers elle, on comprend que tous essayent de tracer leur voie à eux, dans une société qui offre des possibilités mais aussi beaucoup de contraintes.

Le film – à voir aujourd’hui en ligne parmi toutes les sorties en VOD, et dans les backs de DVD depuis le 16/01 – vaut bien sûr avant tout pour ses interprètes, qui prennent en charge ces figures réalistes avec sensibilité. Niloofar, jouée par la lumineuse Sahar Dolatshahi, est bien entendu au centre de l’attention, avec ses luttes personnelles. Et le toujours excellent Ali Mosaffa (très remarqué dans Le Passé) se livre à des échanges très beaux, très justes, même lorsqu’ils sont tendus, avec elle. De même que les interprètes des autres membres de la fratrie, tels cette soeur altière qui règle ses comptes avec force, ou cette nièce discrète et toute pleine d’amour. Film à la forme un peu modeste, Un vent de liberté n’en propose pas moins de suivre des personnages attachants.

Il donne aussi un aperçu de la société iranienne actuelle, et de ses classes moyennes, pour lesquelles se présentent des possibilités, mais aussi pas mal de difficultés. Le ton général du récit reste, lui, parfois triste, mais aussi lumineux. Le scénario et les thématiques prennent, suffisamment pour atteindre un peu à l’universel. Et si sa construction et sa réalisation semblent un peu modestes, au premier abord, Un vent de liberté n’en amène pas moins à rencontrer de vraies personnes. On se prend à se demander, suite à cette plongée réaliste, si l’Iran placera des titres parmi les meilleurs films de 2018, tout au long de l’année cinéma à venir…

Visuel : © Diaphana Distribution

Andreas Merk, Marlene Monteiro Freitas et le sacre du Jaguar aux Hivernales
“Butterfly Kiss” à redécouvrir en DVD, avant le retour de Michael Winterbottom
Avatar photo
Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration