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Tu choisiras la vie, coup de coeur pour le premier film de Stéphane Freiss

Tu choisiras la vie, coup de coeur pour le premier film de Stéphane Freiss

29 January 2023 | PAR Farah Malaoui

 

Sorti mercredi dernier du premier film franco-italien de Stéphane Freiss en tant que réalisateur !

En apesanteur entre sagesse spirituelle et attractivité terrestre, qui font de nous des êtres de chair, de sang et de doute.

Vu dans le foisonnement des festivals, et revu à l’occasion de sa sortie. Trois raisons et plus de voir ce bijou délicat. Pour l’épopée mystique à la recherche du fruit parfait dans cette Italie éternelle filmée avec infiniment de douceur ; pour le regard brut et caressant à la fois de Riccardo Scamarcio ; pour la grâce divine de Lou Delaâge qui envahit progressivement l’écran.

Question timing, l’année 2022 a envoyé une cohorte de films comme des sauveteurs prompts à sauver le Cinéma. Film « social », « utile » ou « politique », parfois « loufoque » ou « spectaculaire » pour renouer avec les salles post covid. Oui, c’est important de rendre compte, et d’observer notre époque, et tout autant de provoquer l’imaginaire…pour nous reconnecter à nous-même(s). A contre-courant, celui-ci, premier long métrage de Stéphane Freiss, est un conte intemporel, profond et pragmatique. Il n’apporte aucune réponse, la seule injonction est dans le titre. Sujet intime sous des apparats universels, en retrait de l’actualité brûlante.

Un film qui questionne l’empêchement. Où se loge l’intime « turning point » qui déviera irrémédiablement la trajectoire toute tracée ? Interroger la part de choix et la part de déterminisme dans notre quotidien… Avouez que c’est une belle promesse. Un cadeau de liberté que l’on fait à soi-même.

Dans Tu choisiras la Vie, premier film sensible et philosophique plus que spirituel, Stéphane Freiss a choisi de juxtaposer l’attachement au ciel et la servitude à la terre (et inversement). Ou… lorsqu’un esthète choisit amèrement d’assumer sa réalité filiale d’agriculteur, et que la fille du Rabin rejette douloureusement les certitudes religieuses qui l’empêchent d’exister… Comment réconcilier le repos intérieur et l’envie exaltante de sortir de soi ? En provoquant la rencontre de ces deux parcours de vie diamétralement opposés, le réalisateur relance la réflexion à chaque instant comme un jeu de miroir reflétant l’infini. Le poids des héritages se compensent, et les aspirations peuvent enfin, peut-être prendre leur envol.

Toute de charme, l’histoire nous entraîne en témoin, à la genèse d’une romance. La rencontre de ces trajets inversés provoque l’inévitable magnétisme de deux être qui se cherchent entre révolte sourde et résignation insupportable. Le personnage d’Esther incarnée par Lou Delâage transmet avec pureté, une sensualité pudique qui ravive aux yeux d’Elio (Riccardo Scamarcio) la volupté passée de ses passions artistiques.

Avec ce premier ouvrage qu’il aura muri pendant près de 10 ans, Stéphane Freiss signe une réalisation esthétique à travers des scènes quotidiennes filmées avec patience et lumière comme des tableaux de Vermeer. Du coup, on est happé par l’intériorité des personnages qui gardent jusqu’au bout leurs bagages énigmatiques. Contenu dans une dimension iconographique, le style narratif maintient la contemplation avec notamment la voix blanche du Rabbin véritable (Pierre-Henry Salfaty), qui pose ici et là des parenthèses de méditation authentique, et anime un dialogue réduit à l’essentiel. Le contraste avec les jurons italiens qui se perdent, et quelques scènes drôles presque absurdes comme de déplacer un Christ à l’aide d’un diable… nous fait atterrir.  

Le film sélectionné par de nombreux festivals ravit à chaque fois la plus belle récompense, celle du public. Il fait partie de nos coups de cœur !

 

 

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Farah Malaoui

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